Cet été (2005), la Commission européenne présentera une nouvelle stratégie globale destinée à améliorer la qualité de l'air en Europe. Celle-ci intervient à la suite des conclusions alarmantes dégagées par des études menées récemment, montrant que la pollution atmosphérique en Europe est beaucoup plus importante que prévu.
Il faut faire plus
La législation communautaire a déjà permis d'améliorer la qualité de l'air. À titre d'exemple, citons l'essence sans plomb et la réduction des émissions générées par les usines et les véhicules. Un nombre significatif de Directives ont déjà été adoptées pour contrôler les émissions émanant de sources spécifiques, notamment des installations de combustion, des véhicules tout-terrain, des solvants et des peintures. Les voitures particulières et les centrales électriques génèrent entre 90 et 95 % de pollution en moins qu'il y a 20 ans. Au mois d'avril, une nouvelle Directive s'attaquant aux émissions de dioxyde de soufre par les navires a fait l'objet d'un accord. Les dernières études en date montrent toutefois qu'il n'y a pas de quoi pavoiser.
L'un des risques majeurs pour la santé publique est celui lié aux particules en suspension dans l'air, communément appelées les poussières. Le diamètre de ces particules, désignées sous l'acronyme PM (pour “particulate matter”), se mesure en millionième de mètre. Les particules “fines” dont le diamètre est inférieur ou égal à 10 millionièmes de mètre (les PM10 ou inférieures) s'inhalent facilement. Elles pénètrent profondément dans les poumons et sont à l'origine de graves troubles cardiaques et respiratoires. Selon certaines estimations, ces particules provoqueraient plusieurs dizaines de milliers de décès prématurés en Allemagne, en Italie, en France et dans l'ensemble de l'Union européenne.Les particules sont notamment émises par les véhicules diesel.L'ozone troposphérique, ou smog photochimique, constitue une autre menace. Si l'ozone au niveau de la couche supérieure de l'atmosphère constitue un bouclier efficace contre les rayons ultraviolets nuisibles du soleil, il est nocif lorsqu'il peut être inhalé. Il irrite les voies respiratoires et s'attaque aux poumons, provoquant des accès de toux, des crises d'asthme et des infections pulmonaires bactériennes. Des niveaux élevés d'ozone peuvent dès lors causer des décès prématurés chez les personnes sensibles.
La pollution atmosphérique nuit également à l'environnement
Les efforts consentis pour réduire les pluies acides en Europe ont été payants ces dernières années, certes, mais ce phénomène menace toujours 240 000 Km² de forêts. De plus, certains lacs scandinaves pourraient ne jamais se remettre des pluies acides qui se sont abattues sur eux par le passé. Les pluies acides s'attaquent aux matières organiques et à certains métaux et provoquent l'érosion des bâtiments, mettant ainsi en péril notre patrimoine culturel. Les sols et les mers sont pollués par des teneurs élevées en azote, ce qui provoque un phénomène d'eutrophisation (l'accumulation de nutriments entraîne la prolifération excessive de végétaux aquatiques ainsi que d'autres conséquences désagréables). Cette pollution compromet la biodiversité de 45 % des écosystèmes terrestres de l'UE, tandis que le smog photochimique constitue une menace pour les cultures.Une approche stratégique
L'Union européenne a lancé le programme “Air pur pour l'Europe” (CAFE en anglais) en 2001 et l'a placé au cœur de son combat contre la pollution. Le sixième programme d'action communautaire pour l'environnement, qui se poursuivra jusqu'en 2012, en appelle à la préparation d'une “stratégie thématique” visant à réunir les mesures existantes et à définir une approche intégrée à long terme pour juguler ce problème. Cette stratégie, dont la publication est imminente, fixera des objectifs en matière de qualité de l'air liés à l'environnement et la santé publique. Elle proposera les mesures à prendre pour les atteindre et déterminera les responsabilités des différents secteurs.
Les toutes dernières recherches ont été présentées au groupe de pilotage du programme CAFE en avril 2005. Elles dépeignent un tableau inquiétant, mais prévoient également une amélioration de la qualité de l'air d'ici 2020 si l'on applique à la lettre les mesures communautaires en vigueur, notamment la limitation des émissions automobiles et industrielles et le contrôle de la pollution de l'air (voir le tableau). Ce sont surtout les nouveaux États membres qui tireront avantage de la mise en application des réglementations en la matière.Impact sur la santé en 2000 dans l'UE | Progrès prévus en 2020 |
Particules | |
Perte de neuf mois d'espérance de vie | Gain de trois mois |
Perte annuelle de quatre millions d'année de vie | Gain de 1,7 million d'années de vie |
386 000 décès prématurés par an | Moins 135 000 décès prématurés |
110 000 hospitalisations graves par an | Moins 47 000 hospitalisations |
Ozone troposphérique | |
21 400 décès prématurés par an | Moins 600 décès prématurés |
30 millions de jours sous médication respiratoire par an | Gain de 9 millions de jours |
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