lundi 4 juillet 2011

La réalité de l'abattage rituel Halal et Casher : entre business et cruauté






L'abattage rituel, notamment représenté par les viandes dites Halal et Casher pour les communautés respectivement musulmanes et juives ne cesse de progresser en France. De plus en plus de supermarchés, de restaurants, de transformateurs agro-alimentaires... proposent ce type de viande, mais à quel prix ? Sous couvert du droit de s'alimenter selon son culte, ces méthodes d'abattage finalement peu connues révèlent un business florissant et une cruauté inacceptable envers le vivant.
En France, les règles générales de l'abattage classique imposent depuis 1974 que les animaux soient étourdis dans des abattoirs avant d'être saignés, ceci afin de limiter la souffrance animale. La mise à mort des animaux de boucherie n'est pas un acte anodin et isolé : chaque année 1,1 milliard d'animaux sont tués en France ! Ce processus industriel, qui repose sur une logique commerciale, nécessite d'être sévèrement encadré. En effet, "la mise à mort des animaux peut provoquer chez eux de la douleur, de la détresse, de la peur ou d'autres formes de souffrance, même dans les meilleures conditions techniques existantes."(1).
Dans les pays de l'Union européenne, c'est la Directive 93/119/CEE du Conseil qui définit les normes en matière d'abattage : "D'une façon générale, on doit éviter aux animaux toute excitation, souffrance ou douleur inutiles lors de leur transport, hébergement, immobilisation, étourdissement, abattage ou mise à mort. Les abattoirs doivent être construits et équipés de manière à respecter cette exigence. Le personnel d'abattage doit posséder les compétences, capacités et connaissances professionnelles requises. Les animaux doivent être étourdis avant l'abattage ou immédiatement mis à mort."(2)
Si l'étourdissement ne semble pas toujours appliqué correctement dans les abattoirs français comme en témoigne le procès de l'association L214 contre Charal(3), son absence est toutefois autorisée dans le cadre de dérogations liées à l'abattage rituel. En effet, l'abattage rituel nécessite que les animaux soient saignés alors qu'ils sont encore pleinement conscients.
Par définition, une dérogation "constitue une exception dans l'application d'une règle d'origine contractuelle, légale, ou administrative"(4). Or, dans une lettre ouverte adressée au président de la République du 10 juin 2010(5), un regroupement d'associations de protection animale souligne qu'en France déjà 50 % des ovins sont égorgés conscients et donc sensibles à la douleur, il ne s'agit donc plus d'une exception...

L'abattage rituel Halal et Casher

En France, au regard de la loi, l'abattage rituel ne peut s'exercer que dans un abattoir. Les exécutants doivent obligatoirement être des sacrificateurs habilités par des organismes religieux agréés : la grande Mosquée de Paris, la Mosquée de Lyon et la Mosquée d'Evry pour l'abattage rituel musulman ; le grand Rabbinat pour l'abattage rituel juif.
Si l'étourdissement n'est pas obligatoire avant la mise à mort, l'article R. 214-74 du code rural impose que les animaux des espèces bovine, ovine et caprine soient immobilisés par un procédé mécanique (ce qui écarte toute contention manuelle ou à l'aide de liens). Cette contention mécanique précède la saignée et doit être maintenue jusqu'à la mort de l'animal(6).
Le piège mécanique est positionné vers La Mecque pour le rituel halal ou vers Jérusalem pour le rituel Casher. La saignée devrait alors être effectuée en prononçant une phrase rituelle.
L'Organisation Mondiale de la Santé Animale préconise l'emploi d'une lame ou d'un couteau très tranchant et suffisamment long pour que la pointe reste hors de l'incision pendant l'opération. De plus, la pointe du couteau ne doit pas être utilisée pour réaliser l'incision et celle-ci ne doit pas se refermer par-dessus le couteau pendant l'égorgement(7). Des pratiques souvent ignorées...
France Info(8) rapportait le cas de Mokhtar qui travaille dans un abattoir de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. "Chaque jour, il tue, à la main, selon le rite halal, près de 300 poulets"  ce qui fait, sur une journée de travail de 8 heures et sans pause, un poulet sacrifié toutes les minutes et demi... Vu cette cadence, il semble bien difficile de croire que l'exécutant, fier de son métier par ailleurs, se soucie du bien-être animal.
Mais il y a pire. Durant la fête de l'Aïd el Kébir, de nombreux musulmans se passent de l'abattoir et tuent par leurs propres moyens les moutons, même si cela est illégal. Parfois, les bêtes sont dissimulés quelques jours avant, attachées et enfermées sans eau dans des coffres de voiture, pour être finalement égorgés maladroitement dans des cours d'immeubles, dans la baignoire, ou au bord de rivières dans des conditions de souffrance importante.

Une souffrance animale inacceptable

L'abattage rituel, cela reste un abattage industriel, avec ses cadences inadmissibles et sa maltraitance continue envers l'animal, le tout sans étourdissement préalable.
Pendant plusieurs minutes, les animaux prisonniers de leur piège mécanique agonisent la gorge tranchée, pendant que d'autres, témoins de la scène attendent leur tour.
Entre l'égorgement et la perte de réaction cérébrale, plusieurs dizaines de secondes peuvent s'écouler : une période d'angoisse, de peur, de stress et surtout de douleur extrême qui donnent de surcroît une viande de médiocre qualité...
En 2009, un rapport d'enquête de One Voice(9) a révélé la réalité sur la souffrance de quelques-uns des animaux tués pour produire de la viande halal. D'après la tradition musulmane, les animaux doivent être traités avec égards avant d'être abattus et doivent être calmés en récitant une prière avant de les égorger en sectionnant les principales artères du cou. Or, en visitant cinq abattoirs pratiquant l'abattage halal sans étourdissement préalable, les enquêteurs de One Voice ont vu un certain nombre d'employés faire preuve d'un manque visible de respect et de compassion envers les animaux. Les animaux étaient traités avec cruauté, ils étaient effrayés et stressés pendant les opérations et dans certains cas, on leur sciait la gorge au lieu de la trancher. Les enquêteurs ont vu des moutons qui essayaient de s'enfuir alors qu'ils avaient la gorge tranchée et ils ont filmé des poulets qui étaient ébouillantés alors qu'ils étaient encore vivants. Ils ont bel et bien entendu les cris des animaux qui agonisaient, mais dans bien des cas, ils n'ont entendu aucune prière...
Les conséquences terrifiantes pour les animaux d'un égorgement sans étourdissement préalable sont expliquées dans un rapport publié en 2003(10) par le Farm Animal Welfare Council (FAWC), organisme consultatif britannique indépendant constitué de vétérinaires, de zoologues, de chercheurs et de spécialistes de la protection des animaux : "Quand une incision transversale très large est pratiquée au cou, divers tissus vitaux sont sectionnés: peau, muscles, trachée, œsophage, artères carotides, veines jugulaires, principaux faisceaux nerveux (p.ex. nerfs vagues et nerfs phréniques) ainsi que divers nerfs de moindre importance. Une incision aussi importante entraîne inévitablement une rupture d'information sensorielle vers le cerveau chez un animal sensible (conscient). Nous sommes persuadés qu'une blessure aussi considérable entraîne une douleur et un stress très importants pendant le laps de temps qui précède l'insensibilité". Le FAWC a demandé l'interdiction de l'abattage rituel sans étourdissement préalable et Judy MacArthur Clark, qui en était alors la présidente, a déclaré: "Il s'agit d'une incision importante dans le corps de l'animal et dire qu'il ne souffre pas est tout à fait ridicule".
Vidéo de l'enquête GAIA dans des abattoirs de Belgique qui pratiquent l'abattage rituel Halal
© GAIA
Vidéo déconseillée aux personnes sensibles

Un risque pour la santé

Pire, la viande Halal peut être contaminée à la fois par la régurgitation et l'effondrement des défenses immunitaires de l'animal au moment de l'égorgement. Alain De Peretti, vétérinaire rural, souligne même le "gigantesque bond en arrière" des autorités qui acceptent la commercialisation de cette viande, à l'encontre des progrès réalisés jusqu'alors en terme de sécurité alimentaire en Europe. Les toxi-infections alimentaire risquent donc d'être de plus en plus nombreuses notamment chez les personnes qui ne cuisent pas suffisamment leur viande.(11)

Une dangereuse banalisation de l'abattage rituel

La banalisation de l'abattage rituel, notamment Halal, profite d'une complaisance du monde politico-médiatique et de l'Etat, sous couvert du respect des religions, en oubliant celui de la laïcité.
Ainsi, depuis le 1er septembre 2010, la société Quick, dont l'Etat est actionnaire majoritaire via la Caisse des Dépôts et Consignations, a "décidé de pérenniser l'offre [exclusive] de produits à base de viande halal dans les 8 restaurants du test et de l'étendre à 14 nouveaux restaurants". Objectif affirmé : "cette offre pouvait être une source de croissance intéressante." En effet, une étude réalisée par l'agence Solis en décembre 2009 et publiée en janvier 2010 montre que la croissance annuelle du marché halal est de 15% et que son chiffre d'affaires pourrait atteindre 5,5 milliards d'euros en 2010...(12). Notons qu'en Israël, McDonald ne vend que de la viande Casher.
L'appât du gain n'a pas échappé aux grandes et moyennes surfaces qui proposent de plus en plus de viande Halal dans leur rayon boucherie.
Bien d'autres exemples témoignent de la banalisation de l'abattage rituel Halal, y compris dans les organes de la République française pourtant laïque :
  • repas de l'équipe nationale de France de football (sous R. Domenech) sans porc ;
  • certaines écoles de la République imposent une viande Halal, comme à Strasbourg(13) ;
  • CRS qui mangent Halal à leur insu(14)...
Soulignons enfin que chaque kilo de viande abattue selon les rites Halal ou Casher profitent à leurs représentants religieux. A ce titre, Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon déclarait : "Par kilo de viande, la certification halal coûte entre 10 à 15 centimes d'euros"(15), une manne financière non négligeable !
Dans le même temps, d'après les bilans établis par le Service de la statistique et de la prospective (SSP), la consommation française de viande de porc, considérée comme impure par les musulmans et les juifs est en recul(16).
Au delà de la tolérance envers des rites religieux pourtant archaïques, "du point de vue de la protection des animaux et par respect pour l'animal en tant qu'être sensible, la pratique consistant à abattre les animaux sans étourdissement préalable est inacceptable, quelles que soient les circonstances" notait la Fédération des vétérinaires d'Europe en 2006(17).
De plus, en 2004, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) émettait un avis(18)selon lequel "en raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l'abattage sans étourdissement, un étourdissement doit toujours être réalisé avant l'égorgement".
Plus pernicieux encore, une partie significative de la viande des animaux abattus sans étourdissement préalable pour les boucheries juives et musulmanes, au lieu d'être effectivement destinée à ce marché, est finalement écoulée sur le marché global de la viande... Or, 72 % des français désapprouvent la dérogation permettant de ne pas étourdir les animaux avant leur abattage(19).
Une nouvelle fois, modérer sa consommation de viande et privilégier la viande issue de l'"agriculture biologique" restent les meilleurs moyens de respecter un peu plus le bien-être animal tout en préservant sa santé.

Références

  1. Règlement (CE) N° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort - Union européenne
  2. Législation en vigueur en vue de la protection des animaux lors de l'abattage - Commission européenne
  3. Pratiques de mises à mort à l'abattoir Charal, Metz - L214
  4. Définition de dérogation - Dictionnaire du droit privé
  5. Abattage rituel sans étourdissement : assez de promesses, place aux actes !
  6. L'abattage rituel des animaux élevés ou détenus pour la production de viandes - OABA
  7. Code sanitaire pour les animaux terrestres - OIE
  8. Mokhtar, le sacrificateur - France Info
  9. Derrière les portes des abattoirs de France - One Voice
  10. Report on the Welfare of Farmed Animals at Slaughter or Killing ; Part 1: Red Meat Animals - Farm Animal Welfare Council
  11. "La viande halal présente un risque sanitaire important" : rencontre avec un vétérinaire (Audio) - NovoPress
  12. Bilan du test de vente d'une gamme de produits à base de viande halal - Quick
  13. La modernisation de la restauration scolaire - Ville de Strasbourg
  14. CRS/viande halal: indignation syndicale - Le Figaro
  15. [Halal] "Ce mot est complètement galvaudé" - Le Parisien
  16. Agreste Conjoncture ; Synthèses n° 2010/112 ; avril 2010 - Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche
  17. Welfare of Animals at Slaughter and Killing, FVE/06/doc/033 Final 25/10/06 - FVE
  18. Summary of Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare on a request from the European Commission related to welfare aspects of the main systems of stunning and killing the main commercial species of animals, 2004 - Autorité européenne de sécurité des aliments
  19. Les Français et l'étourdissement des animaux avant leur abattage – Sondage IFOP réalisé du 8 au 10 décembre 2009 sur un échantillon de 1015 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Auteur

avatar Christophe Magdelaine / notre-planete.info 

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