lundi 4 juillet 2011

Le déclin de l'industrie nucléaire



Alors que la situation sur la centrale de Fukushima Daiichi reste très critique et que l'évaluation de la gravité de la catastrophe a largement été sous-estimée, un rapport du Worldwatch Institute montre que l'industrie nucléaire était en déclin, et ce, bien avant la catastrophe japonaise.
Fukushima I, la situation est loin d'être maitrisée : de l'eau douce est toujours injectée en continu dans les réacteurs 1, 2 et 3 afin de maintenir la température. De plus, l'eau utilisée au départ pour refroidir les réacteurs est devenue hautement radioactive et stagne dans les sous-sols de ceux-ci : des opérations de transfert dans des réservoirs sont en cours, selon l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA).
Au 11 mai 2011, des restrictions alimentaires étaient toujours en vigueur dans la préfecture de Fukushima et pour les villes de Kitaibaraki et Takahagi dans la préfecture d'Ibaraki. Dans l'ensemble, la contamination radioactive est bien présente dans les différents milieux de la région de Fukushima même si elle décroît lentement, selon l'AIEA.
Au final, Tepco, l'opérateur de la centrale, a décidé d'édifier des sarcophages de béton, d'acier et de polyester autour des réacteurs en fusion afin de contenir les émanations radioactives. Vendredi 13 mai, Tepco annonçait que les premiers travaux concernant le réacteur n°1 débuteraient en juin 2011, relayait Radio Chine Internationale.
Dans tous les cas, ce désastre sonne sans doute le glas de l'industrie nucléaire, au moins dans l'image de fiabilité, de sécurité et de transparence véhiculée par ses promoteurs.

L'industrie nucléaire est en déclin

Bien avant cette catastrophe, l'industrie nucléaire dans le monde était déjà en déclin selon un nouveau rapport publié par le Worldwatch Institute. "L'industrie nucléaire était déjà sans doute en sursit. Dans l'écriture de l'histoire de l'industrie nucléaire, Fukushima est susceptible d'être son dernier chapitre." a déclaré Mycle Schneider, consultant international sur les questions d'énergie et de politique nucléaire, auteur principal du nouveau rapport "The world nuclear industry status report 2010-2011 - Nuclear Power in a Post-Fukushima World 25 Years After the Chernobyl Accident".
En effet, le parc nucléaire est vieillissant et peu de nouvelles unités sont en construction : la moyenne d'âge des réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde est de 26 ans. C'est pourquoi, certaines compagnies d'électricité nucléaire envisagent de prolonger la durée de vie de leurs réacteurs à 40 ans ou plus. Vu que l'âge moyen des 130 unités déjà fermées est d'environ 22 ans, doubler la durée de vie des réacteurs encore en fonctionnement reste un pari bien optimiste, surtout si l'on prend en compte la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le gouvernement allemand a d'ailleurs pris la mesure du risque suite à cette catastrophe en prenant la décision de suspendre l'activité de tous les réacteurs de plus de 30 ans.
Au 1er avril 2011, il y avait 437 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde, c'est sept de moins qu'en 2002. L'AIEA compte actuellement 64 réacteurs en construction dans 14 pays. Par comparaison, à l'apogée de la phase de croissance de l'industrie en 1979, il y avait 233 réacteurs en construction en même temps. Et, en 2008, pour la première fois dans l'histoire de l'énergie nucléaire, aucun nouveau réacteur n'a été démarré. Sept nouveaux réacteurs ont été ajoutés en 2009 et 2010, tandis que 11 ont été fermés durant cette période. Dans le premier trimestre 2011, deux nouveaux réacteurs ont été mis en service.
En Europe, toujours au 1er avril 2011, 143 réacteurs étaient officiellement opérationnels, une baisse notable par rapport au maximum historique de 177 unités en 1989. Bien sûr, le nombre de réacteur n'est pas une indication suffisante et la production totale doit être prise en compte. Or, en 2009, les centrales nucléaires ont produit 2 558 térawattheures (TWh) d'électricité, c'est environ 2 % de moins que l'année précédente. En 2010, 16 des 30 pays producteurs d'énergie nucléaire ont maintenu la part de cette énergie dans leur production totale tandis que neuf l'ont diminué et 5 l'ont augmenté.
Le rôle de l'énergie nucléaire dans la production d'énergie décline régulièrement et ne représente qu'environ 13 % de l'électricité produite dans le monde et 5,5 % de l'énergie primaire commercialisée.
Depuis près de 15 ans, l'énergie nucléaire ne parvient plus à concurrencer le dynamisme insolent des énergies renouvelables. Aux Etats-Unis, la part des énergies renouvelables dans les ajouts de nouvelles capacités de production d'électricité est passé de 2 % en 2004 à 55 % en 2009, sans qu'aucun réacteur nucléaire ne soit construit sur cette période.En 2010, dans le monde, pour la première fois, la capacité de production électrique des énergies renouvelables a dépassé celle de l'énergie nucléaire : 381 gigawatts (GW) contre 375 GW pour le nucléaire. L'investissement total dans les énergies renouvelables, sur cette même année, a été estimé à 243 milliards de dollars.
Afin d'évaluer le nombre de réacteurs qui devront être remplacés pour maintenir la production électrique actuelle, le rapport a établi un scénario où les centrales actuelles et en construction seraient maintenues en fonctionnement en moyenne pendant 40 ans. Il en ressort que 18 réacteurs supplémentaires devraient être achevés et mis en service avant 2015. Cela correspond à un raccordement tous les trois mois avec l'ajout de 191 unités supplémentaires (175 GW) au cours de la décennie suivante. Or, la réalisation de cet objectif est tout simplement impossible compte tenu des contraintes existantes sur la fabrication des composants d'un réacteur nucléaire, sans prendre en compte les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Par conséquent, le nombre de réacteurs en exploitation diminuera au cours des prochaines années, sauf si la limite de 40 ans est davantage repoussée, un scénario de moins en moins probable vu la catastrophe de Fukushima.
Quant aux nouvelles générations de réacteurs, le projet EPR en construction à Olkiluoto en Finlande, géré par le plus grand constructeur nucléaire au monde, Areva, a tourné au fiasco financier. Le projet a déjà 4 ans de retard pour un coût total estimé à 5,7 milliards d'euros, soit 90% de plus que le budget initial ! Heureusement, les énergies renouvelables ont un très bel avenir devant elles.

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The End of Nuclear - Worldwatch Institute

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Limiter l'augmentation de la température planétaire à 2 ºC n'est plus réalisable




Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont atteint un nouveau et triste record en 2010. Pire : l'objectif phare qui consiste à limiter à 2°C le réchauffement climatique planétaire devient inatteignable.
Si la crise financière mondiale a légèrement entamé l'évolution ininterrompue des émissions de CO2 en 2009, le rebond de 2010 est pire qu'attendu avec un record à 30,6 milliards de tonnes (Gt) de CO2 émis, soit une augmentation de 5% par rapport au précédent record de 2008 (29,3 Gt).
En terme d'énergie fossile, 44 % des émissions estimées en 2010 proviennent du charbon, 36 % du pétrole et 20% du gaz naturel.
Selon les dernières estimations de la National Oceanic & Atmospheric Administration (NOAA), les concentrations planétaires en CO2 étaient de 391,55 ppm(1) en mars 2011, cela correspond à une augmentation de près de 40 % par rapport au début de la révolution industrielle (environ 280 ppm en 1750). A titre de comparaison, il avait fallu plus de 5 000 ans pour que la concentration en CO2 augmente de seulement 80 ppm à la fin du dernier âge glaciaire... (GIEC, 2007).
"Cette augmentation significative des émissions de CO2 et la marge de manoeuvre réduite pour le futur en raison des investissements actuels dans les infrastructures représentent un sérieux revers quant à nos espoirs de limiter à 2°C la hausse globale de température" a déclaré le Dr Fatih Birol, chef économiste à l'AIE qui supervise le rapport annuel World Energy Outlook, la publication phare de l'Agence.
En effet, lors de la conférence de Cancún sur les changements climatiques qui s'est déroulée fin 2010, les états ont reconnu qu'il était impératif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40 % d'ici à 2020 pour ne pas dépasser le seuil fatidique de 2°C(2) d'augmentation de la température moyenne de la planète. Or, pour que cet objectif primordial soit accompli, il faudrait contenir à long terme la concentration en gaz à effet de serre à environ 450 ppm équivalent CO2, ce qui correspond à seulement 5% de plus que la valeur estimée de 430 ppm il y a déjà 10 ans...
De surcroît, l'AIE a évalué que 80% des émissions prévues dans le secteur de l'énergie jusqu'à 2020 sont déjà immobilisés par des centrales électriques qui sont actuellement en place ou en construction aujourd'hui.
Le défi de l'amélioration et du maintien de la qualité de vie des personnes dans le monde tout en limitant les émissions de CO2 n'a jamais été aussi grand. Alors que l'AIE estime que 40% des émissions mondiales provenaient de pays de l'OCDE en 2010, ces pays ne représentent plus que 25% de la croissance des émissions par rapport à 2009. Les pays non membres de l'OCDE(3) - menés par la Chine et l'Inde - ont connu une augmentation beaucoup plus forte de leurs émissions que leurs croissances économiques pourtant exceptionnelles. Toutefois, si l'on se base sur les émissions de CO2 par habitant, les pays de l'OCDE ont émis en moyenne 10 tonnes, contre 5,8 tonnes pour la Chine, et 1,5 tonnes pour l'Inde.
Le rapport World Energy Outlook de l'AIE a déterminé un scénario à 2020 pouvant répondre à l'urgence climatique. Dans celui-ci, les émissions mondiales liées au secteur énergétique ne doivent pas dépasser 32 Gt. Ce qui signifie que les émissions totales des dix prochaines années doivent être inférieures à celles enregistrées en seulement un an : entre 2009 et 2010... Un pari malheureusement intenable.
"Nos dernières estimations sont un nouvel appel au réveil" souligne le Dr. Birol. "Le monde est actuellement incroyablement proche du niveau des émissions qui ne devrait pas être atteint en 2020 pour maintenir l'augmentation en dessous de 2°C. Vu la marge de manoeuvre restante, à moins que des décisions audacieuses et décisives soient prises, il sera extrêmement difficile d'atteindre l'objectif global convenu à Cancún."
Souvenons nous, la conférence de Cancún s'était terminée sous les applaudissements des pays rassemblés et d'un certain nombre de grandes associations de défense de l'environnement (WWF, Greenpeace, Oxfam, RAC France, FNE, Cap 21...). Et pourtant, cet accord demeure peu volontaire et dénué d'objectif contraignant... Cette nouvelle étude montre une nouvelle fois toute l'inefficacité de ce processus de discussions où les déclarations de bonnes intentions supplantent la prise de décision effective.
Le président du Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), Rajendra Pachauri, déclarait déjà fin 2009 : "le monde développé n'a vraiment rien fait. Le Protocole de Kyoto est reconnu plutôt par sa violation que par l'adhésion aux limites qui ont été fixées."

Notes

  1. Cette concentration exprimée en ppm (parties par million) correspond au nombre de molécules de CO2 divisé par le nombre de millions de molécules de l'air.
  2. Les études scientifiques sont formelles : un réchauffement modéré en deçà de 2°C serait encore dans la limite du "supportable" ; au-delà, les conséquences sur les écosystèmes et les sociétés humaines seront dévastatrices.
  3. Organisation de Coopération et Développement Economiques (OCDE)

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Prospect of limiting the global increase in temperature to 2ºC is getting bleaker - AIE

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Les castors érigent un barrage visible depuis l'espace !




Le plus grand barrage actuellement construit par les castors a été découvert au Canada, dans la province de l'Alberta : un édifice de 850 m de long visible depuis les satellites d'observation de la Terre !
Environ 850 m de long, voici la taille exceptionnelle de ce barrage découvert dans le Nord de la province de l'Alberta par Jean Thie grâce à Google Earth, en octobre 2007. Celui-ci évaluait alors l'étendue de la fonte du permafrost (les terres gelées en permanence) dans le nord du Canada.
Ce barrage, situé au sud du lac Claire, à environ 190 km de Fort McMurray, dans le Parc national Wood Buffalo(1) est, jusqu'à preuve du contraire, le plus long barrage existant érigé par des castors.
Il existe depuis au moins 25 ans puisqu'il est visible sur des images satellites de Landsat (NASA) de 1990 et 2000. Cependant, des photos aériennes de la région prises en 1975 ne montrent pas l'existence de cet édifice. Des responsables de cette réserve naturelle, la deuxième plus grande du monde et plus grande du Canada, ont survolé le barrage à basse altitude en 2009 confirmant les interprétations des images satellites. Toutefois, ils n'ont pu se poser, la zone étant trop marécageuse, a indiqué un porte-parole du parc national, Mike Keizer.
Dans le monde, ces ouvrages atteignent au mieux 75 m de long pour 1 m de haut. Cependant, au Canada, il existe de nombreux barrages qui font plus de 500 m de long. Le précédent record était détenu par le barrage de Three Forks dans le Montana (Etats-Unis) avec une longueur de 652 m !
Le plus grand barrage érigé par des castors résulte clairement de la combinaison de deux barrages. Vu son ancienneté, plusieurs générations de castors ont participé à sa réalisation comme l'attestent les observations aériennes : la digue "est très ancienne. Lorsqu'une digue est récente, il y a plein de rondins fraîchement coupés. Or, sur celle-ci, l'herbe pousse, c'est tout vert", a expliqué à l'AFP, M. Keizer.
Toutefois, le barrage continue d'être entretenu et voit sa taille augmenter comme l'indique Jean Thie : les castors sont en train de construire deux autres digues de chaque côté du barrage principal. D'ici dix ans, toutes ces structures pourraient n'en former qu'une seule, mesurant plus de 950 m !

Le rôle des barrages chez les castors

Le castor construit des barrages afin de retenir l'eau et d'élever son niveau, créant ainsi des zones dans lesquelles il peut se déplacer en toute sécurité et où il peut faire flotter sa nourriture et les matériaux de construction qu'il utilise. L'objectif premier du barrage est d'assurer une profondeur d'eau suffisante pour stocker sa nourriture. En effet, près de leur terrier (ou hutte), les castors aménagent, sous l'eau, un grand garde-manger, l'eau faisant office de réfrigérateur. Les barrages et les huttes sont construits avec du bois de différents diamètres, et le tout est colmaté avec de la terre que le castor tasse avec ses pattes avant (et non pas avec la queue). Enfin, le barrage constitue également un moyen d'échapper à ses prédateurs, comme les coyotes et les ours.
Poussé au bord de l'extinction par le commerce des fourrures aux XVIIe et XVIIIe siècles, le castor a été réintroduit dans ses anciens habitats en Amérique du Nord mais aussi en Europe avec le castor européen (ou castor fiber) qui recolonise petit à petit des territoires qu'il avait occupé sans encombre pendant des dizaines de milliers d'années.
Si les castors sont encore dénigrés pour leurs dégâts sur les arbres de cours d'eau et sur les berges, ils participent aussi au stockage du carbone issu des végétaux et à la régénération de la forêt. Et quand bien même, les dégâts occasionnés par les castors demeurent bien anecdotiques au regard de ceux engendrés par les activités humaines.

Localisation géographique

Note

  1. Le parc national Wood Buffalo est un parc national du Canada qui figure parmi les plus vastes parcs tant au niveau national que mondial. Il fut créé en 1922 pour protéger les derniers troupeaux de bisons du nord du Canada. Aujourd'hui il protège un exemple exceptionnel et représentatif des plaines boréales nordiques du Canada.

Sources

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La réalité de l'abattage rituel Halal et Casher : entre business et cruauté






L'abattage rituel, notamment représenté par les viandes dites Halal et Casher pour les communautés respectivement musulmanes et juives ne cesse de progresser en France. De plus en plus de supermarchés, de restaurants, de transformateurs agro-alimentaires... proposent ce type de viande, mais à quel prix ? Sous couvert du droit de s'alimenter selon son culte, ces méthodes d'abattage finalement peu connues révèlent un business florissant et une cruauté inacceptable envers le vivant.
En France, les règles générales de l'abattage classique imposent depuis 1974 que les animaux soient étourdis dans des abattoirs avant d'être saignés, ceci afin de limiter la souffrance animale. La mise à mort des animaux de boucherie n'est pas un acte anodin et isolé : chaque année 1,1 milliard d'animaux sont tués en France ! Ce processus industriel, qui repose sur une logique commerciale, nécessite d'être sévèrement encadré. En effet, "la mise à mort des animaux peut provoquer chez eux de la douleur, de la détresse, de la peur ou d'autres formes de souffrance, même dans les meilleures conditions techniques existantes."(1).
Dans les pays de l'Union européenne, c'est la Directive 93/119/CEE du Conseil qui définit les normes en matière d'abattage : "D'une façon générale, on doit éviter aux animaux toute excitation, souffrance ou douleur inutiles lors de leur transport, hébergement, immobilisation, étourdissement, abattage ou mise à mort. Les abattoirs doivent être construits et équipés de manière à respecter cette exigence. Le personnel d'abattage doit posséder les compétences, capacités et connaissances professionnelles requises. Les animaux doivent être étourdis avant l'abattage ou immédiatement mis à mort."(2)
Si l'étourdissement ne semble pas toujours appliqué correctement dans les abattoirs français comme en témoigne le procès de l'association L214 contre Charal(3), son absence est toutefois autorisée dans le cadre de dérogations liées à l'abattage rituel. En effet, l'abattage rituel nécessite que les animaux soient saignés alors qu'ils sont encore pleinement conscients.
Par définition, une dérogation "constitue une exception dans l'application d'une règle d'origine contractuelle, légale, ou administrative"(4). Or, dans une lettre ouverte adressée au président de la République du 10 juin 2010(5), un regroupement d'associations de protection animale souligne qu'en France déjà 50 % des ovins sont égorgés conscients et donc sensibles à la douleur, il ne s'agit donc plus d'une exception...

L'abattage rituel Halal et Casher

En France, au regard de la loi, l'abattage rituel ne peut s'exercer que dans un abattoir. Les exécutants doivent obligatoirement être des sacrificateurs habilités par des organismes religieux agréés : la grande Mosquée de Paris, la Mosquée de Lyon et la Mosquée d'Evry pour l'abattage rituel musulman ; le grand Rabbinat pour l'abattage rituel juif.
Si l'étourdissement n'est pas obligatoire avant la mise à mort, l'article R. 214-74 du code rural impose que les animaux des espèces bovine, ovine et caprine soient immobilisés par un procédé mécanique (ce qui écarte toute contention manuelle ou à l'aide de liens). Cette contention mécanique précède la saignée et doit être maintenue jusqu'à la mort de l'animal(6).
Le piège mécanique est positionné vers La Mecque pour le rituel halal ou vers Jérusalem pour le rituel Casher. La saignée devrait alors être effectuée en prononçant une phrase rituelle.
L'Organisation Mondiale de la Santé Animale préconise l'emploi d'une lame ou d'un couteau très tranchant et suffisamment long pour que la pointe reste hors de l'incision pendant l'opération. De plus, la pointe du couteau ne doit pas être utilisée pour réaliser l'incision et celle-ci ne doit pas se refermer par-dessus le couteau pendant l'égorgement(7). Des pratiques souvent ignorées...
France Info(8) rapportait le cas de Mokhtar qui travaille dans un abattoir de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. "Chaque jour, il tue, à la main, selon le rite halal, près de 300 poulets"  ce qui fait, sur une journée de travail de 8 heures et sans pause, un poulet sacrifié toutes les minutes et demi... Vu cette cadence, il semble bien difficile de croire que l'exécutant, fier de son métier par ailleurs, se soucie du bien-être animal.
Mais il y a pire. Durant la fête de l'Aïd el Kébir, de nombreux musulmans se passent de l'abattoir et tuent par leurs propres moyens les moutons, même si cela est illégal. Parfois, les bêtes sont dissimulés quelques jours avant, attachées et enfermées sans eau dans des coffres de voiture, pour être finalement égorgés maladroitement dans des cours d'immeubles, dans la baignoire, ou au bord de rivières dans des conditions de souffrance importante.

Une souffrance animale inacceptable

L'abattage rituel, cela reste un abattage industriel, avec ses cadences inadmissibles et sa maltraitance continue envers l'animal, le tout sans étourdissement préalable.
Pendant plusieurs minutes, les animaux prisonniers de leur piège mécanique agonisent la gorge tranchée, pendant que d'autres, témoins de la scène attendent leur tour.
Entre l'égorgement et la perte de réaction cérébrale, plusieurs dizaines de secondes peuvent s'écouler : une période d'angoisse, de peur, de stress et surtout de douleur extrême qui donnent de surcroît une viande de médiocre qualité...
En 2009, un rapport d'enquête de One Voice(9) a révélé la réalité sur la souffrance de quelques-uns des animaux tués pour produire de la viande halal. D'après la tradition musulmane, les animaux doivent être traités avec égards avant d'être abattus et doivent être calmés en récitant une prière avant de les égorger en sectionnant les principales artères du cou. Or, en visitant cinq abattoirs pratiquant l'abattage halal sans étourdissement préalable, les enquêteurs de One Voice ont vu un certain nombre d'employés faire preuve d'un manque visible de respect et de compassion envers les animaux. Les animaux étaient traités avec cruauté, ils étaient effrayés et stressés pendant les opérations et dans certains cas, on leur sciait la gorge au lieu de la trancher. Les enquêteurs ont vu des moutons qui essayaient de s'enfuir alors qu'ils avaient la gorge tranchée et ils ont filmé des poulets qui étaient ébouillantés alors qu'ils étaient encore vivants. Ils ont bel et bien entendu les cris des animaux qui agonisaient, mais dans bien des cas, ils n'ont entendu aucune prière...
Les conséquences terrifiantes pour les animaux d'un égorgement sans étourdissement préalable sont expliquées dans un rapport publié en 2003(10) par le Farm Animal Welfare Council (FAWC), organisme consultatif britannique indépendant constitué de vétérinaires, de zoologues, de chercheurs et de spécialistes de la protection des animaux : "Quand une incision transversale très large est pratiquée au cou, divers tissus vitaux sont sectionnés: peau, muscles, trachée, œsophage, artères carotides, veines jugulaires, principaux faisceaux nerveux (p.ex. nerfs vagues et nerfs phréniques) ainsi que divers nerfs de moindre importance. Une incision aussi importante entraîne inévitablement une rupture d'information sensorielle vers le cerveau chez un animal sensible (conscient). Nous sommes persuadés qu'une blessure aussi considérable entraîne une douleur et un stress très importants pendant le laps de temps qui précède l'insensibilité". Le FAWC a demandé l'interdiction de l'abattage rituel sans étourdissement préalable et Judy MacArthur Clark, qui en était alors la présidente, a déclaré: "Il s'agit d'une incision importante dans le corps de l'animal et dire qu'il ne souffre pas est tout à fait ridicule".
Vidéo de l'enquête GAIA dans des abattoirs de Belgique qui pratiquent l'abattage rituel Halal
© GAIA
Vidéo déconseillée aux personnes sensibles

Un risque pour la santé

Pire, la viande Halal peut être contaminée à la fois par la régurgitation et l'effondrement des défenses immunitaires de l'animal au moment de l'égorgement. Alain De Peretti, vétérinaire rural, souligne même le "gigantesque bond en arrière" des autorités qui acceptent la commercialisation de cette viande, à l'encontre des progrès réalisés jusqu'alors en terme de sécurité alimentaire en Europe. Les toxi-infections alimentaire risquent donc d'être de plus en plus nombreuses notamment chez les personnes qui ne cuisent pas suffisamment leur viande.(11)

Une dangereuse banalisation de l'abattage rituel

La banalisation de l'abattage rituel, notamment Halal, profite d'une complaisance du monde politico-médiatique et de l'Etat, sous couvert du respect des religions, en oubliant celui de la laïcité.
Ainsi, depuis le 1er septembre 2010, la société Quick, dont l'Etat est actionnaire majoritaire via la Caisse des Dépôts et Consignations, a "décidé de pérenniser l'offre [exclusive] de produits à base de viande halal dans les 8 restaurants du test et de l'étendre à 14 nouveaux restaurants". Objectif affirmé : "cette offre pouvait être une source de croissance intéressante." En effet, une étude réalisée par l'agence Solis en décembre 2009 et publiée en janvier 2010 montre que la croissance annuelle du marché halal est de 15% et que son chiffre d'affaires pourrait atteindre 5,5 milliards d'euros en 2010...(12). Notons qu'en Israël, McDonald ne vend que de la viande Casher.
L'appât du gain n'a pas échappé aux grandes et moyennes surfaces qui proposent de plus en plus de viande Halal dans leur rayon boucherie.
Bien d'autres exemples témoignent de la banalisation de l'abattage rituel Halal, y compris dans les organes de la République française pourtant laïque :
  • repas de l'équipe nationale de France de football (sous R. Domenech) sans porc ;
  • certaines écoles de la République imposent une viande Halal, comme à Strasbourg(13) ;
  • CRS qui mangent Halal à leur insu(14)...
Soulignons enfin que chaque kilo de viande abattue selon les rites Halal ou Casher profitent à leurs représentants religieux. A ce titre, Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon déclarait : "Par kilo de viande, la certification halal coûte entre 10 à 15 centimes d'euros"(15), une manne financière non négligeable !
Dans le même temps, d'après les bilans établis par le Service de la statistique et de la prospective (SSP), la consommation française de viande de porc, considérée comme impure par les musulmans et les juifs est en recul(16).
Au delà de la tolérance envers des rites religieux pourtant archaïques, "du point de vue de la protection des animaux et par respect pour l'animal en tant qu'être sensible, la pratique consistant à abattre les animaux sans étourdissement préalable est inacceptable, quelles que soient les circonstances" notait la Fédération des vétérinaires d'Europe en 2006(17).
De plus, en 2004, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) émettait un avis(18)selon lequel "en raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l'abattage sans étourdissement, un étourdissement doit toujours être réalisé avant l'égorgement".
Plus pernicieux encore, une partie significative de la viande des animaux abattus sans étourdissement préalable pour les boucheries juives et musulmanes, au lieu d'être effectivement destinée à ce marché, est finalement écoulée sur le marché global de la viande... Or, 72 % des français désapprouvent la dérogation permettant de ne pas étourdir les animaux avant leur abattage(19).
Une nouvelle fois, modérer sa consommation de viande et privilégier la viande issue de l'"agriculture biologique" restent les meilleurs moyens de respecter un peu plus le bien-être animal tout en préservant sa santé.

Références

  1. Règlement (CE) N° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort - Union européenne
  2. Législation en vigueur en vue de la protection des animaux lors de l'abattage - Commission européenne
  3. Pratiques de mises à mort à l'abattoir Charal, Metz - L214
  4. Définition de dérogation - Dictionnaire du droit privé
  5. Abattage rituel sans étourdissement : assez de promesses, place aux actes !
  6. L'abattage rituel des animaux élevés ou détenus pour la production de viandes - OABA
  7. Code sanitaire pour les animaux terrestres - OIE
  8. Mokhtar, le sacrificateur - France Info
  9. Derrière les portes des abattoirs de France - One Voice
  10. Report on the Welfare of Farmed Animals at Slaughter or Killing ; Part 1: Red Meat Animals - Farm Animal Welfare Council
  11. "La viande halal présente un risque sanitaire important" : rencontre avec un vétérinaire (Audio) - NovoPress
  12. Bilan du test de vente d'une gamme de produits à base de viande halal - Quick
  13. La modernisation de la restauration scolaire - Ville de Strasbourg
  14. CRS/viande halal: indignation syndicale - Le Figaro
  15. [Halal] "Ce mot est complètement galvaudé" - Le Parisien
  16. Agreste Conjoncture ; Synthèses n° 2010/112 ; avril 2010 - Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche
  17. Welfare of Animals at Slaughter and Killing, FVE/06/doc/033 Final 25/10/06 - FVE
  18. Summary of Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare on a request from the European Commission related to welfare aspects of the main systems of stunning and killing the main commercial species of animals, 2004 - Autorité européenne de sécurité des aliments
  19. Les Français et l'étourdissement des animaux avant leur abattage – Sondage IFOP réalisé du 8 au 10 décembre 2009 sur un échantillon de 1015 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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Inauguration en Arctique du "coffre-fort de l'apocalypse"


Le 26 février 2008, une réserve mondiale qui pourra contenir jusqu'à 4,5 millions d'échantillons végétaux a été inaugurée au nord de la Norvège. Censée protéger le patrimoine alimentaire de l'humanité d'une catastrophe planétaire, cette "Arche de Noé" suscite bien des interrogations quant à ses motivations réelles.

C'est dans un bunker prisonnier des glaces et d'une terre gelée en permanence appelée permafrost que les graines des principales cultures vivrières du monde sont conservées à une température de - 18 °C. Cette réserve, sous haute protection, se trouve sur une île de l'archipel du Svalbard à 1000 km du pôle Nord.
Il s'agit officiellement de disposer d'un "grenier" mobilisable en cas de catastrophe majeure qui compromettrait nos ressources alimentaires afin de "garantir la préservation de la diversité des produits agricoles pour le futur". A terme, plus de 4,5 millions de semences y seront stockées, ce qui équivaut à environ 2 milliards de graines, deux fois plus que le nombre de variétés que nous cultivons. Actuellement, 250 000 échantillons ont déjà été collectés auprès de différents États et institutions qui en resteront propriétaires. En effet, si une variété de culture vient à disparaître, les Etats et institutions pourront récupérer les graines qu'ils ont déposées.
Si cela n'est bien sûr pas suffisant pour recréer l'ensemble de la biodiversité des végétaux, il s'agit un palliatif qui pourrait être d'un grand secours en cas de crise majeure. Changements climatiques, menaces nucléaires, effondrement de la biodiversité, épidémies, catastrophes naturelles, chute d'un météorite : les raisons ne manquent malheureusement pas pour justifier un tel projet.

Lors de la cérémonie d'inauguration, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a décrit l'endroit comme "un jardin d'Eden glacé". En fait, il s'agit d'une installation fortifiée qui comprend un long tunnel d'une centaine de mètres de long qui débouche sur trois grandes alcôves.
Les graines y reposent dans des sachets hermétiques alignés sur des étagères métalliques. La partie visible se limite à l'entrée qui émerge de la montagne enneigée. Celle-ci est constituée de deux hautes parois surmontées d'une oeuvre d'art conçue pour être visible à des kilomètres à la ronde dans l'obscurité permanente et totale de l'hiver polaire.
Le "jardin d'Eden" se rapproche donc davantage d'un blockhaus puisqu'il comprend des portes blindées, des caméras de surveillance, des parois en béton armé de plus d'un mètre d'épaisseur et que la conception d'ensemble, protégée par la roche de la montagne, permet en théorie de résister aux tremblements de terre et même, selon leur concepteur, à une attaque nucléaire directe ou à une chute d'avion. De plus, les chambres froides sont situées à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer pour échapper à la montée du niveau des océans, conséquence très probable du réchauffement climatique. Il n'y aura pas de personnel présent en permanence mais une gestion et surveillance à distance.
Si le niveau de protection peut rassurer, il peut inquiéter également quant à l'ampleur des menaces prise en compte, ce que confirme dans son discours José Manuel Barroso : "nous espérons et oeuvrons pour le meilleur, mais nous devons nous préparer au pire".

"Jardin d'Eden" ou "coffre fort de l'apocalypse" ?

Le nom officiel du projet est "Svalbard Global Seed Vault" alors que les partenaires qui y collaborent l'appellent entre eux "le coffre-fort de l'apocalypse" (doomsday vault), ce qui n'est guère rassurant.
De surcroît, les noms bien connus des différents financeurs sèment le trouble sur l'objectif réel de ce projet. En effet, le Réseau Semences Paysannes souligne dans un communiqué que ce projet est le fruit d'un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, le « Global Crop Diversity Trust » et la « Nordic Gene Bank ». Le « Trust » -- financé et soutenu notamment par la Fondation Bill et Milinda Gates, La Fondation Rockefeller, Dupont/Pioneer, Syngenta AG, la Fondation Syngenta et la Fédération Internationale des Semences, les plus importants lobbies de l'industrie des semences – financera les opérations de « l'Arche ».
Or, la plupart de ces structures ne sont pas réputées pour favoriser la diversité génétique et l'accès aux ressources génétiques vivantes actuelles. En effet, selon le Réseau Semences Paysannes, "elles imposent partout des lois qui remettent en cause les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme (...) Elles les obligent ainsi à acheter celles de l'industrie, seules à pouvoir être inscrites dans les catalogues officiels requis pour toute vente. Dans de nombreux pays, les paysans n'ont même plus le droit de ressemer leur récolte." De plus, "elles généralisent la culture des organismes génétiquement modifiés (OGM) par des stratégies commerciales agressives mettant en danger la diversité des semences fermières."

Notons enfin, qu'il existe déjà des banques de semences à travers le monde qui conservent en plusieurs exemplaires les graines si précieuses. Les concentrer en un seul endroit, si les autres devaient fermer pour différentes raisons, pourrait au contraire, augmenter considérablement le risque que ce projet cherche à prévenir officiellement...

Références

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Manger autant de viande est une aberration pour l'environnement et la santé




Autrefois l'apanage des pays riches, la consommation de viande ne cesse d'augmenter dans le monde. L'élévation du niveau de vie dans les pays en voie de développement amplifie les effets déjà catastrophiques, mais peu évoqués, d'une surconsommation de viande non soutenable et inutile.
En moyenne, un être humain consomme 100 g de viande par jour. Dans les pays développés, la consommation est supérieure à 200 g par jour alors que dans les pays en développement elle est de 47 g, avec de fortes disparités régionales.
En moyenne, un Français mange 96,5 kg de viande par an(1), soit plus de 260 g par jour : l'équivalent de 6 tranches de jambon ! Cela représente l'abattage de 1,1 milliard d'animaux par an, rien qu'en France...

Une pression sur la surface agricole disponible

La production mondiale de viande a quintuplé entre 1950 et 2000. Elle était de 229 millions de tonnes en 2001 et pourrait atteindre 465 millions de tonnes en 2050 tandis que la production de lait passerait de 580 millions de tonnes à 1043 millions de tonnes sur la même période au regard de la croissance démographique et de l'évolution des habitudes alimentaires. Or, pour nourrir le bétail, la demande en céréales augmente de manière considérable, les céréales étant de plus en plus l'aliment de base du bétail, au détriment de l'herbe des pâturages.
C'est pourquoi, selon les prévisions de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), il serait nécessaire de doubler la production agricole d'ici à 2050. En effet, pour produire un kilo de viande, il faut 7 kilos de céréales. Pour répondre à cette demande, il est possible d'augmenter la surface des terres cultivées, mais à quel prix ? Déforestation, monocultures intensives, utilisation de pesticides, d'OGM, destruction d'écosystèmes et perte de biodiversité...
L'élevage extensif et le soja exporté comme aliment du bétail sont la première cause de la déforestation selon Alain Karsenty, économiste au Centre de coopération internationale pour le développement et expert auprès de la Banque mondiale. Après une enquête de 3 ans publiée en juin 2009, Greenpeace affirme que l'élevage bovin est responsable à 80% de la destruction de la forêt amazonienne...
L'UE, dont la superficie des forêts augmente, est le 4e importateur de bovins derrière les USA, la Russie, et le Japon. En outre, 80% des importations de bovins de l'UE viennent d'Amérique du Sud. Or, la France est le premier consommateur européen de viande bovine. Ainsi la consommation de viande en Europe et en France est une cause de la déforestation en Amérique du Sud.
Surfaces de sol nécessaires par aliment
Enfin, n'oublions pas de mentionner la concurrence de plus en plus accrue des agrocarburants et bientôt des bioplastiques pour l'utilisation des surfaces agricoles.

Élevage et émissions de gaz à effet de serre

En 2006, un rapport de la FAO soulignait que l'élevage était responsable de 18 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, plus que l'ensemble du secteur des transports... Mais de nouveaux calculs effectués en 2009 par deux experts des questions environnementales auprès de la Banque mondiale démontreraient que l'élevage représenterait en réalité plus de la moitié des émissions mondiales de GES !
En France, l'élevage est le deuxième secteur d'émissions anthropiques de gaz à effet de serre(2) (9,2 %), derrière le premier contributeur : le résidentiel (12%). Ce secteur participe donc massivement au réchauffement climatique alors que son impact n'est jamais souligné ni même évoqué par les décideurs...
Le rapport de Foodwatch propose une illustration de l'effet sur le climat de 3 types de régimes alimentaires. Une alimentation sans produits animaux émet de 7 à 15 fois moins de GES qu'une alimentation qui contient de la viande et des produits laitiers.
Effet de serre selon l'alimentation

Les conséquences environnementales de l'élevage intensif

L'augmentation constante des élevages intensifs en France et surtout en Bretagne a des conséquences directes sur l'apparition des marées vertes. Ce phénomène se manifeste par la pullulation de certaines algues vertes qui envahissent le littoral au point de dégager de fortes concentrations d'hydrogène sulfuré (H2S). Or, ce gaz est toxique lorsqu'il est inhalé et peut être mortel lorsque l'exposition est importante comme en témoigne la mort de nombreux animaux aquatiques et de quelques animaux terrestres. L'élevage y contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l'excès d'engrais apportés aux cultures de céréales destinées à nourrir le bétail.
De plus, la gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves d'eau potable.
Au niveau de l'eau, environ 5 000 litres d'eau sont nécessaires pour produire 1 000 kcal d'aliments d'origine animale contre 1 000 litres si l'origine est végétale. En effet, l'élevage nécessite des quantités colossales d'eau : pour produire 1 kg de boeuf, il faudra utiliser 15 500 litres d'eau contre seulement 900 litres pour 1 kg de pommes de terre ! Un gâchis irresponsable alors que la demande et la mauvaise qualité de l'eau en France sont devenues inacceptables. Mais ce n'est pas tout, l'élevage est la plus grande source sectorielle de polluants de l'eau : principalement les déchets animaux, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages érodés.
Besoin en eau des aliments
Enfin, selon la commission européenne, l'élevage est responsable de 64% des émissions d'ammoniac(3) (NH3), une des principales causes des pluies acides. Les précipitations s'acidifient au contact de l'ammoniaque présent dans l'air (gaz très soluble dans l'eau), perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol causant le dépérissement forestier et l'altération des systèmes hydrologiques où on observe une réduction et une disparition d'espèces aquatiques, très sensibles au changement d'acidité.

Les conditions de l'élevage intensif et la souffrance animale

Considérés comme de simples protéines sur pattes dans l'élevage intensif, les animaux souffrent comme jamais. Rien n'est venu enrayer l'extension de ce modèle et la toute puissance des filières agroalimentaires qui le portent.
Les conditions d'élevage, de transport et d'abattage, souvent méconnues du grand public, sont bien souvent inacceptables et les associations qui luttent pour le respect des animaux et la transparence se heurtent à de puissants intérêts financiers qui méprisent le bien-être animal et dupent les consommateurs. Aujourd'hui, l'éthique passe après la viande ; la souffrance et l'environnement après les intérêts économiques. Ce système industriel perdure contre toute logique et contre l'opinion publique, en bénéficiant largement de l'argent des contribuables et de la complicité des pouvoirs publics.
Il est impossible de produire une telle quantité de viande sans entasser les animaux, les adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs comportements. Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se déplacer, prendre l'air... La liste des comportements entravés est longue dans la plupart des élevages. Les sélections génétiques se sont faites au détriment des animaux et poussent les organismes au maximum.
En France, plus de 80% des animaux sont élevés en bâtiments fermés, parqués en cage ou sur des caillebotis sans accès à l'extérieur. Les poissons d'élevage sont maintenus à des densités inouïes.
Ainsi, 82% des 700 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l'extérieur ; 81% des 47 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages ; 99% des 40 millions de lapins sont élevés en batterie de cages ; 90% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments...
Or, il est illusoire d'espérer améliorer le sort d'un si grand nombre d'animaux, nécessairement confinés dans des espaces restreints, et « traités » par un nombre réduit de travailleurs. Il faut donc diminuer significativement sa consommation de produits animaux, tout en se tournant vers les produits français issus de l'agriculture biologique.

Élevage, viande et santé humaine

L'élevage est en soi un facteur de risque pour notre santé. Les systèmes industriels de production sont depuis longtemps la norme dans les pays développés et deviennent de plus en plus répandus dans les pays en développement. Le nombre énorme d'animaux élevés en confinement, dotés d'une variabilité génétique très pauvre, et soumis à une croissance rapide, crée des conditions idéales pour l'émergence et la propagation de nouveaux pathogènes.
Sans oublier les scandales qui ont éclaboussé l'industrie agro-alimentaire : vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine), hormones de croissance, grippe aviaire, fièvre aphteuse...
Ainsi, les systèmes modernes d'élevage sont des incubateurs à virus, listeria monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en tout genre. Comme l'indique un rapport de la FAO : « il n'est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux ou des produits animaux ».
La surconsommation de viande a pour effet d'augmenter la prévalence des affections suivantes : cancers (colon, prostate), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie, obésité, hypertension, ostéoporose, diabète (type 2), altération des fonctions cognitives, calculs biliaires, polyarthrite rhumatoïde.
Contrairement à une idée reçue, les produits animaux ne sont pas indispensables à la santé humaine. La position conjointe des diététiciens américains et canadiens, émise en 2003, a formulé un bon résumé de cette réalité. Ces deux organisations, qui regroupent 70 000 diététiciens, ont endossé le fait que « les régimes végétariens (y compris le végétalisme) menés de façon appropriée, sont bons pour la santé, adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies ». Cette position de l'Association américaine de diététique a été réaffirmée en 2009.
De surcroît, la tertiarisation de nos sociétés et notre mode de vie de plus en plus sédentaire ne justifie plus cette surconsommation de viande.
C'est dans les pays riches que la consommation de produits animaux est la plus forte, un état de fait qui ne répond à aucune nécessité nutritionnelle et cause des dommages environnementaux catastrophiques. Or, l'élevage y est soutenu par des aides publiques conséquentes...

Notes

Toutes les données chiffrées présentes dans cet article sont référencées sur le site www.viande.info
  1. Donnée 2007 : Consommation de viande, Juin 2008, n° 2008/29 - Agreste Synthèses
  2. Donnée 2007 en PRG - CITEPA.
  3. La volatilisation des déjections des animaux en stabulation constituent la principale source d'émission de NH3.

Source

Copenhague 2009 Et la viande ? - www.viande.info

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Un nouveau "continent" de déchets a été découvert dans l'océan Atlantique Nord !




On la croyait spécifique au nord-est de l'océan Pacifique, la célèbre "grande plaque de déchets du Pacifique" a finalement son équivalent dans l'Atlantique Nord : un nouveau continent de déchets déjà plus grand que la France a été découvert !
En 1997, le capitaine Charles Moore, fondateur del'Algalita Marine Research Foundation, découvrit la "grande plaque de déchets du Pacifique" (Great Pacific Garbage Patch), une zone océanique dans l'océan Pacifique qui, avec les courants marins, concentre les déchets que nous rejettons directement en mer mais surtout ceux issus de nos activités terrestres.
En 2007, de nouvelles observations avaient montré que cette zone s'accroissait constammentet atteignait déjà 3,43 millions de km², soit une surface plus importante qu'un géant comme l'Inde !
Or, des scientifiques viennent de révèler que cette plaque a son équivalent dans l'océan Atlantique !
D'une profondeur estimée à environ 10 mètres et d'une superficie équivalente à la France, la Belgique et la Grèce réunies, cette décharge flottante s'est formée à moins de 1000 kilomètres des côtes américaines. Elle est située à environ 930 km des côtes américaines, et son centre se trouve à la latitude d'Atlanta.
Cette immonde découverte est le fait de la Sea Education Association (SEA). "Beaucoup de personnes ont entendu parlé de la grande plaque de déchets du Pacifique mais ce problème demeurait encore inconnu dans l'Atlantique" a déclaré Kara Lavender Law, un océanologue de la SEA.
Plus de 7000 étudiants encadrés par l'association américaine pendant 22 ans ont pu directement observer et collecter des déchets marins sur une zone située entre 22 et 38 degrés de latitude Nord. Cette nouvelle alarmante a été révélée lors de la plus grande manifestation concernant les sciences océanographiques : l'American Geophysical Union's 2010 Ocean Sciences meeting qui s'est tenue à Portland, le 23 février 2010.
dechetsCarte indiquant l'emplacement où les débris marins en plastique ont été collectés par les navires de la SEA
© SEA
Cette nouvelle plaque de déchets résulte de l'accumulation de déchets plastiques : bouteilles vides, bouchons, sacs... et des milliards de débris dont la masse unitaire n'excède pas un dixième de celle d'un trombone. Dans certaines zones, les observateurs ont relevé jusqu'à 200 000 fragments de déchets par kilomètre ! Ils peuvent s'accumuler jusqu'à 20 mètres de profondeur comme en témoignent les vagues qui les ramènent à la surface.
La grande majorité de ces fragments est issue de déchets de consommation qui proviennent de décharges à ciel ouvert et qui ont été emportés par le vent, mais aussi de rejets via les fleuves et les navires en mer.
Guidés par les courants marins, ils s'accumulent ensuite formant des plaques de déchets océaniques. Ces observations confirment qu'il y a sans doute beaucoup d'autres accumulations. En effet, "compte tenu des courants marins, deux autres zones réserveront probablement d'aussi désagréables surprises au cours des prochaines années, toutes deux au large de l'Amérique du Sud : l'une du côté Pacifique, au large du Chili et l'autre du côté Atlantique, au large de l'Argentine", a précisél'Agence Science Presse.
Ces morceaux de plastique souillent durablement l'océan. L'Algalita Marine Research Foundation estime qu'ils ont infiltré tous les niveaux de la chaîne alimentaire des océans et entraînent la mort d'environ 100 000 mammifères marins et d'un million d'oiseaux de mer chaque année ! Ce "poison" nous affecte également puisque nous consommons des poissons qui ingèrent ces fragments de plastique.
Conséquence directe de notre surconsommation irresponsable, ces déchets plastiques empoisonnent insidieusement des espaces aussi immenses que les océans, le berceau de la vie sur Terre. Or, il est impossible de nettoyer les océans... Seule solution : freiner sérieusement notre consommation de plastique et opter pour des plastiques rapidement biodégradables.

Note

Le terme "continent" est bien sûr exagéré, il faut sans doute plus y voir une concentration importante de déchets qui flottent et se regroupent sur une large zone dont la forme et la localisation précises varient au gré des courants. Mais la superficie de cette zone est comparable à celle d'un continent.

Source

Huge Garbage Patch Found in Atlantic Too - National Geographic

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Démographie : la vraie vérité qui dérange



Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre. Tout pacte écologique devrait sous-tendre l’idée d’un pacte antinataliste.

Homo sapiens est la pire espèce invasive. Tant que la flore et la faune poursuivront leur rythme effréné d’extinction conférée, toute création supplémentaire d'un d'entre nous reste injustifiable. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une Planète viable. Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles. Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants. Mais si vous estimez que nous n’avons aucune responsabilité ni vis-à-vis des 11 millions d’enfants qui meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, ni à l’endroit des espèces végétales et animales qui disparaissent à la vitesse grand V, que notre reproduction n’est pas excessive ou en tout cas acquittée de telles accusations, alors oui, faites encore et encore des enfants. Mais faites vite !

Certaines vérités ne dérangent plus parce qu’avec le temps elles sont devenues des tabous de Polichinelle. Parmi celles qui dérangent encore et vraiment, qui mettent mal à l’aise et gênent aux entournures, figure l’ineffable choix antinataliste. Contrairement à toute logique, la décroissance démographique reste un problème épineux, un énorme tabou qui n’ose pas dire son nom, un scandale qui provoque tous les courroux ! C’est à peine si on peut l’ouvrir à propos de la décroissance économique ! Suggérer de modérer la démographie d’un Monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie, tant le thème appartient à la langue de bois. C’est du domaine de l’indicible, personne ne veut entendre que nous ne devons plus faire autant de petits. Notre Monde est passé de 250 millions à quasiment 6,7 milliards d’habitants depuis l’an 1 de l’ère chrétienne, notre sacro-sainte référence. En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950. Stop, ou encore ? On nous donne la preuve par neuf que la Planète ne pourra pas nourrir 9 milliards de Terriens en 2050 ou 17 milliards en 2100, mais en cyniques populationnistes nous voulons continuer à nous multiplier pour atteindre ces 9 ou 17 milliards de Terriens en 2050 et en 2100 ! Et l’on s’inquiète même des nations qui, en Europe, ne montrent plus la même ardeur à procréer !

Une démographie exponentielle adjointe d’un développement économique infini dans un Monde fini, aux ressources non renouvelables pour l’essentiel, en tout cas ne se régénérant pas au rythme de notre folle croissance, telle est l’effarante formule à laquelle nous sommes ancrés. Nous feignons d’ignorer la finitude d’un Monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche. Nous n’avons nul besoin d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes. Il y aura toujours suffisamment de candidats pour perpétrer un minimum d’humanité. Je lance un appel au bon sens, au nom des goujats que nous sommes et qui avons tout zigouillé.

Seront-elles donc un jour bonnes à proclamer ces quatre vérités sur le lapinisme humain ? Probablement, mais trop tard. Pour l’immédiat, nous en sommes au secourisme et voir mourir l’humain est insupportable, inhumain. C’est peut-être pourquoi il faudrait dissuader l’humain de trop faire d’autres humains. Ce qui ne nous est nullement insupportable, par contre, c’est voir souffrir et mourir les autres espèces, et notamment nos « mammifères », sacrifiés pour servir et nourrir la cause humaine. Il n’y a pour ainsi dire pas de fraternité interspécifique positive (commensalisme, mutualisme, symbiose…), mais strictement négatives (prédation, parasitisme, pathogénie, antibiose…). C’est aussi dans cet égoïsme écologique, dans cette couverture outrancièrement tirée à nous, que réside l’une des raisons majeures du grand déclin annoncé. Malheur à ceux qui ne savent pas partager ! Parce qu’on le sait maintenant, il sera inutile de patienter 4 milliards d’années pour que le soleil dysfonctionne. D'ici là, l'homme n’aura pas été remplacé par un surhomme mais par une mouche. Ou bien la vie en tant que telle aura fatalement disparu du fait de nos géniales erreurs.

Sauver la Planète se résume à une seule et double option : choisir entre l’homme et Gaïa, en cherchant à désamorcer la bombe démographique. Comme nous n’avons pas d’autre alternative à la Planète bleue, que nous ne pouvons donc ni déménager, ni la recharger, le choix est vite fait. La bombe démographique est pour la biosphère la pire arme de dissuasion massive. Elle stigmatise le chaos manifeste.

Nous souffrons d’un manque incurable de discernement écologique et nous voulons satisfaire des exigences anthropocentristes immodérées. Ces erreurs sont pour l’essentiel l’héritage des religions créationnistes ayant placé, selon le dogme, la Nature à la discrétion illimitée de l’homme. Les considérations démographiques ont donc toujours été perçues dans un concept d’intérêts purement économiques et nombrilistes, strictement repliés sur la famille ou le pays, de préférence dans une compétitivité cocardière entre nations. Même le contrôle des naissances n’avait été pensé que dans l’intérêt du genre humain et non de celui légitime de la Planète et des espèces compagnes. Comme si nous étions déconnectés de la Terre, comme si nous vivions sur une île ou un archipel, ou mieux dit dans une arène, sur un ring ou sur un nuage. C’est un truisme que d’énoncer que la Terre n’est pas extensible. Le surpeuplement humain est un vrai calvaire pour la planète. L’avenir ne nous commande plus l’expansion, mais la récession sous forme de décroissance natale (et économique !).

Quelques générations vouées à seulement un enfant par femme, voire assurer un soutien financier aux couples qui n’enfanteraient pas, serait le programme d’une politique courageuse et écoconsciente. On préfère l’option populiste des allocations familiales, gratification sociale crée en France après l’hécatombe de 1918, augmenter la mort a toujours historiquement augmenté la natalité… Au troisième millénaire de notre transit terrestre, de telles prestations doivent être aperçues comme obsolètes, caduques, surannées, relevant presque du rétro ou du kitch, mais qui viennent d’être tout récemment et étrangement instauré en Espagne, comme si l’Espagne n’était pas solidaire d’une Europe lucide et d’une Planète malade de l’espèce humaine.

Posséder une famille nombreuse est un délit environnemental, une grave atteinte à la Planète et à l’avenir commun. On peut régler le sort de l’homme, non seulement en lui apprenant techniquement à contrôler ses naissances, mais surtout en le persuadant de le faire par éthique écologique et planétaire. Question de conscience. Dénoncer l’hyper capitalisme intégré comme généalogie du saccage et de l'administration de la rareté ne suffit pas, les institutions doivent planifier à l’échelle mondiale la soutenabilité des activités humaines par une sage équation du binôme population et environnement.

La société occidentale consomme à l’excès des ressources naturelles dont elle n’est pas détentrice et qu’elle extorque aux nations qu’elle domine tyranniquement. Nous sommes ainsi débiteurs par rapport aux contrées dont les citoyens exploitent beaucoup moins, comme c’est le cas d’un Indien, d’un Vietnamien, d’un Péruvien ou d’un Soudanais. Pour continuer à vivre sur les modes adoptés, un Français nécessite 3 planètes, un Américain quasiment 6, ce qui projette un besoin moyen de 2 planètes pour un Terrien. Belle leçon de solidarité planétaire quand on constate qu’Américain s’octroie un droit de ponction 100 fois supérieur à un Afghan. Difficile ensuite pour un Occidental de s’arroger le droit de donner des leçons de morale dans des pays écologiquement éreintés par notre faute, ou de tenter imposer un apartheid climatique comme ce fut le cas lors de la conférence de Bali. Un nouveau-né monégasque usurpera sa vie entière sa part amazonienne ou groenlandaise sans jamais poser un pied ni en Amazonie, ni au Groenland, on l’a compris. Mais naître en Amazonie ou en Australie présente le méfait potentiel de menacer directement une biodiversité encore vive et remarquable. C’est pourquoi les populations des contrées naturelles présentent le risque rapproché d’une pression plus dommageable encore. On fera d’autant moins un enfant que l’on habite une région sensible, un des derniers bastions du capital vert de l’humanité. Le surpeuplement de l’homme est un antagonisme à la biodiversité. Contrairement à une vue trop hâtive de la situation planétaire, un enfant de plus à Londres, Mexico ou Hong Kong sera un moindre préjudice qu’un début de surpeuplement et d’inquisition humaine d’une Tasmanie ou d’une Papouasie. Restons absents ou absentons-nous de la Patagonie, du bassin du Congo, de la forêt boréale et de bien d’autres paradis encore sauvages et de riche naturalité, heureusement souvent peu hospitaliers pour l’homme. Ménageons les beaux restes du grand catalogue du Vivant, épargnons les ultimes réservoirs de gènes, les chambres fortes de biomasse et de stocks de carbone, mettons les prédateurs envahissants que nous sommes hors d’état de nuire et d’occire les derniers poumons de cette Terre. L’option du tourisme, même respectueux s’il existe, est un filon tout à fait négatif. Les régions encore partiellement épargnées n’ont besoin que d’une chose, de continuer à l’être. Toute présence d’un humain vivant sur le mode occidental incontournable et incontourné de l’American way of life est une calamité pour les équilibres naturels et une menace pour les ressources. Restons chez nous, confions les derniers berceaux de naturalité au savoir faire millénaire des peuples natifs et n’encombrons de nos progénitures et de nos futurs intrépides adultes que nos propres maternités, asiles et services d’urgence !

La population humaine continue de croître mais à un rythme plus tempéré. Cette modération est le fait des pays riches industrialisés où le renouvellement générationnel n'est plus assuré, exception faite des États-Unis où les populations immigrées se chargent d’entretenir une incidence démographique en hausse.

L'ONU prévoit une telle baisse démographique appréciable en Allemagne, en Italie, au Japon, en Russie et dans la plupart des états issus de l'éclatement de l'ancienne Union soviétique. Mortalité basse et fécondité extrêmement basse, dans ces conditions, la population de ce groupe de pays, d'actuellement 1,2 milliard de personnes, ne devrait pas augmenter d'ici à 2050. Une démotivation aux valeurs de la fécondité, une famille éclatée de plus en plus réduite au couple quand ce n’est pas à un seul parent, une infertilité masculine croissante et une planification des naissances majoritairement adoptée sont quelques uns des facteurs limitants. Une autre cause de cette stabilisation mondiale est la propagation du sida, pandémie qui réduit le taux de longévité dans des proportions considérables, comme en Afrique australe où l'espérance de vie a chuté de 62 ans dans les années 1995 à seulement 48 ans pour la période 2000-2005. Ironie du sort ou instinct de survie contreproductif, la densité humaine sera beaucoup plus élevée dans les pays pauvres qui éprouvent déjà les pires difficultés à assurer la sécurité alimentaire de leurs ressortissants. Dans ces contrées, le contrôle de la natalité est pratiquement inexistant et les familles de cinq à six enfants sont la norme. Au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Burundi et en République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau, au Timor Oriental, au Liberia, en Ouganda, au Mali, au Niger et au Tchad, tout comme en Afghanistan, les populations vont tripler avant le terme de ce demi siècle. La courbe générale est donc à un ralentissement de la croissance démographique et à une lente stabilisation de la population globale, en comparaison aux vives progressions des cinquante dernières années. En dépit de cette accalmie, 2050 verra tout de même un effectif minimum de 9 milliards de Terriens, notamment fourni par la Chine et l’Inde. À la même période, cette dernière nation surpassera la Chine et sera en tête de liste des pays les plus peuplés. La moitié des humains habiteront alors l’Inde et la Chine.

Les écologistes, désespérés par l’épuisement des ressources et le déclin des écosystèmes, font remarquer qu’il nous faudra deux planètes pour survivre. Dans un autre domaine, ces deux planètes existent déjà, tout le monde sait bien qu’il y a une planète des riches et une autre des pauvres. La première, usurpée, n’est pas pour nous déplaire… Un milliard de riches occupe l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie, le Japon et un club très privé de privilégiés qui règnent tyranniquement sur les pays du Tiers-monde. Ce milliard de riches cache aussi sa misère (qu’on ne saurait voir) : Quart-monde dormant sur les trottoirs des quartiers boursiers, Enfants de Don Quichotte s’adonnant aux joies du camping urbain, gastronomes des restos du cœur, etc. Le solde de la communauté terrienne, soit un peu plus de 5 milliards et demi de gens dont le pauvre destin est joué d’avance, croupit dans le reste (et les restes) du Monde. Le premier Monde s’approprie (en tout bien tout honneur !) les 7/10 de l'énergie, les 4/5 du bois et autant des produits de la pêche, les 3/4 des métaux, les 5/6 des crédits d'éducation, les 9/10 des budgets de recherche et de développement, possède les 3/4 des automobiles, neuf avions sur 10, etc. Voilà des chiffres bien peu consensuels et équitables qui prouvent l’excessive mainmise du milliard de privilégiés dont la liberté de puiser et d’épuiser ne s’arrête pas où commence celle des autres 5 milliards soumis au diktat. Nous garantissons ainsi aux plus pauvres de continuer à stagner, voire à s’enfoncer, dans leur état de pauvreté. En terme d’empreinte écologique insoutenable, un Nord-américain ou un Français valent combien d’Africains ? L'état américain le moins densément peuplé qu’est le Wyoming (510 000 habitants) émet plus de CO2 que 69 pays en développement réunis et totalisant 357 millions de personnes.

Les hectares excessifs que s’octroie chaque habitant chanceux du monde occidental et qu’illustre le calcul éloquent de l’empreinte écologique sont usurpés sans la moindre contrepartie au reste du Monde, à celui auquel nous attribuons des dettes extérieures. Un États-unien ou un Européen ne paie pas le service que leur rendent les forêts brésiliennes ou africaines en recyclant leurs émissions de CO2. C’est ainsi qu’il convient de s’interroger sur un certain nombre d’activités autorisées par le progrès, vocable abusif car à double sens. Progrès pour les uns, déficit pour les autres. Savez-vous, par exemple, que l’on importe quotidiennement, par avions gros porteurs, des chargements de perches du Nil en provenance d’Ouganda et de fleurs coupées cultivées en Chine et en Afrique orientale vers l'aéroport de Vatry, dans la Marne (120 000 tonnes de fret par an) ? De tels comportements ne font jamais la une dans les fourberies des Grenelle de l’écologie, portes de secours du capitalisme masqué. Inutile de rappeler les dégâts collatéraux d’activités comme celle de l’exploitation du poisson cité ou de l’horticulture aux impacts environnementaux et humains néfastes. La contradiction est flagrante et gênante entre le désir de lutter contre l’effet de serre et les nécessités du développement économique dans le concept unilatéral où nos sociétés l’entendent.

La reproduction est un phénomène naturel à toutes les espèces, et notamment chez celles opportunistes qui s’imposent majoritairement, s’accaparant le moindre atout pour dominer l’habitat. Cela existe chez les rats, les cafards, les mouches ou les papillons. L’homme, dont l’instinct est fondu à la conscience, primate calculateur par excellence, a conceptualisé cette tendance naturelle afin d’en tirer une stratégie d’avenir tribal, familial, nombriliste et longévive : celle d’assurer sa descendance, et par là même la sécurité de ses vieux jours. Avant les progrès du XXe siècle en matière d’hygiène et de prophylaxie des maladies infectieuses, la mortalité infantile justifiait une surfécondation, par ailleurs toujours soutenue par les pouvoirs séculiers inspirés des religions dogmatiques. Les Livres assurent que le destin des progénitures sera placé sous les auspices de Dieu. Niaiserie. Jusqu’à preuve du contraire, les progénitures existent mais les preuves d’un dieu protecteur font défaut. Pandémies, famines ou massacres belliqueux étaient là pour écrémer le surplus, en appeler chaque fois à de nouvelles velléités procréatrices et à faire des petits à la louche.

Imaginons un autre monde... Le même mais inversé, où nous ne serions plus dominants mais dominés par une autre espèce de grande taille, où nous devrions fuir, nous cacher, ne plus respirer quand l’autre se manifeste, où l’éviction au mieux, l’extinction au pire seraient nos seules issues. Un enfer. Le bonobo, l’orang-outang ou le gorille, l’un d’eux comme espèce invasive et de fourvoiement au sein d’une société humaine d’un effectif modeste, ça vous irait ? Il s’agirait finalement du même monde, toujours avec Homo sapiens surdoué, mais sans pétrole, non plus dopé par les énergies fossiles, la pétrochimie qui fit la révolution verte et la multiplication des pains (ce type d’âge d’or, ou plutôt de toc, les bricoleurs du monothéisme l’avaient prévu…), mais cette fois à hauteur de seulement un ou deux petits milliards. Avec quasiment les mêmes inventions, les mêmes avancées inventives, le même progrès, à quelques techniques près. Mais sur une Planète envahie, pour telle ou telle raison, par le fléau d’une autre grande espèce, disons les bonobos par sympathie et proximité spécifique. Imaginons nos plages et nos cités encombrées de bonobos, imaginons les bonobos envahissant la cité, s’infiltrant, se fourvoyant pacifiquement partout. 7 milliards de bonobos intrus … Ce n’est pas la Planète des singes, c’est notre Planète subissant l’inquisition insupportable du surnombre d’une autre espèce. Imaginons 7 milliards de rhinocéros, des rhinocéros envahissant nos hypermarchés, nos pitoyables animaleries. Notre impact sur les fragiles écosystèmes planétaires est celui d’éléphants dans un magasin de porcelaine. Voilà ce que nous imposons à la biosphère, sans nous en rendre compte un seul instant, convaincu que cela est dans la raison écologique. Eh bien non, ce n’est qu’une erreur, c’est même l’erreur par excellence.

« Plutôt crever que partager ! » La survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. L’impossible, c’est une meilleure gestion et répartition des ressources. On a tout essayé depuis des lustres et même la morale égalitaire professée par les grands Livres n’a pas donné les résultats escomptés. Notre espèce génétiquement égoïste ne voit pas très loin. Et selon les exégètes, c’est tout au contraire la qualité de vie pour un petit nombre de privilégiés qui va faire l’objet de toutes les prochaines convoitises, tandis que la croissance démographique et tout le drame économique qu’elle va enclencher se concentrera sur une fraction restreinte de la population mondiale : les pauvres. Il y aura une césure nette et croissante entre un Monde développé sans enfants et un mode sous-développé absolument démuni pour nourrir et même rafraîchir toutes ses bouches. Le possible pour cultiver les futurs, c’est d’encourager une mondialisation de la dénatalité. Certains individus devront abandonner une partie de leurs libertés, dont celle de procréer à tout va, au bénéfice de la société universelle. L’éternité de la drôle d’espèce humaine passe par sa décroissance démographique. On passe ou on casse...

Notes

Cette actu n’est pas vraiment une actu parce que nous n’entendons pas inscrire notre démographie à l’ordre du jour des menaces écologiques, accepter notre surpopulation comme la cause majeure des malheurs planétaires. Ainsi, notre fourberie est immense.

Auteur

avatar Michel Tarrier

Gaz de schiste : une bataille mondiale d'ampleur inédite, une nouvelle catastrophe pour l'environnement




Les gaz de schistes connaissent présentement un essor extraordinaire aux États-Unis. En Europe, les compagnies pétrolières commencent à s'intéresser sérieusement à cette ressource de gaz non conventionnels. Leur exploitation causant une dégradation environnementale incommensurable, les écologistes et environnementalistes sont en alerte. C'est dans une certaine discrétion complice que la course aux gaz de schistes vient de commencer en France. Situation cornélienne : son exploitation pourrait nous assurer une indépendance énergétique tout en nous coûtant un cuisant désastre environnemental. Sachant que nos caprices économiques se conjuguent à une incurable myopie écologique, l'issue ne fait hélas aucun doute.

Gaz de schistes : kézako ?

C'est un gaz naturel dont le berceau se situe dans des roches mères organiques, comme les schistes noirs à grain fin. Les prémices de la formation d'un gaz naturel sont la photosynthèse, processus selon lequel les végétaux utilisent l'énergie solaire pour transformer le dioxyde de carbone et l'eau en oxygène et en hydrates de carbone. Au fil de la genèse et de la surcharge sédimentaire, ces hydrates de carbones générés par l'enfouissement des végétaux et de leurs résidus ingérés par les formes animales, se transforment en hydrocarbures sous l'effet de la chaleur induite par la pression. Cette quasi-percolation incite une majeure partie du gaz naturel à migrer des roches mères vers des roches plus poreuses tels le grès et le calcaire. On nomme « gaz de schistes » ceux demeurant dans des roches sédimentaires argileuses très compactes et très imperméables, tels les schistes, et qui renferment au moins 5 à 10 % de matière organique.
Une autre théorie presque oiseuse et dite inorganique avance l'hypothèse que les hydrocarbures ne sont pas issus de matières vivantes enfouies, mais auraient été emprisonnés dans la Terre lors de sa formation.
À part quelques rares pays n'ayant pas de bassins sédimentaires, on peut trouver des « shale gas » à peu près partout. Les réserves mondiales représenteraient quatre fois les ressources de gaz conventionnel. De quoi, si on arrivait à les exploiter, changer la donne de la géopolitique liée aux énergies fossiles. C'est aussi et alors l'occasion pour l'Occident de reprendre la main face à la Russie et aux pays du Sud producteurs de gaz et de pétrole. Un enjeu faramineux et face auquel le souci environnemental fera pâle figure.
La révélation de tels gisements exploitables représente, pour la société énergivore d'un nouvel âge que l'on qualifie d'oléocène, une manne considérable : du gaz dans le sous-sol d'un bout à l'autre de la planète, des milliers de milliards de mètres cubes en Europe, sept fois plus en Amérique du Nord et encore davantage en Asie et censément en quantité astronomique en Australie… Des décennies de gaspillage énergétique sont enfin possibles sans recours aux énergies alternatives et renouvelables, de quoi nous combler, nous enchanter !

Une solution écologiquement finale

Ces types de gaz sont dits non conventionnels parce qu'ils ne peuvent pas être exploités avec les modes de production classiques. Ils sont aujourd'hui produits en grande quantité aux États-Unis où ils représentent déjà plus de 10 % de la production gazière contre seulement 1 % en 2000. En Amérique du Nord, où tout ce qui est exploitable est exploité sur un mode minier et sans vergogne, l'engouement pour cette nouvelle providence a été favorisé par une réglementation environnementale moins contraignante, un droit de propriété privé étendu au sous-sol, le faible coût des forages associé aux avancées technologiques, le tout boosté par des incitations fiscales.
Une telle exploitation ravageuse n'est rendue possible que grâce à la technique de fracturation hydraulique des roches, ainsi qu'à une récente amélioration des méthodes d'extraction, en particulier par forage horizontal. Les gaz de schistes étant dispersés dans la roche imperméable, il est donc nécessaire de forer d'innombrables puits en fracturant la roche. Chaque puits exploitable ne l'est que brièvement, un suivant doit donc être foré quelques centaines de mètres plus loin, et ainsi de suite… À deux ou trois mille mètres de profondeur, la réunion des micro-poches à l'aide d'un explosif détonné pour chacune des brèches occasionne un véritable séisme. La fracturation se fait par un mélange d'eau en grande quantité, de sable et de redoutables produits chimiques propulsés à très haute pression (600 bars), méthode qui génère la remontée du gaz à la surface avec une partie du redoutable liquide de fracturation. Chaque « frack » nécessite quasiment 15 000 mètres cube d'eau (soit 7 à 15 millions de litres), un puits pouvant être fracturé jusqu'à 14 fois.
L'impact environnemental n'est donc pas neutre. L'eau utilisée doit être ensuite traitée car elle est souvent salée et contient des métaux lourds. La multiplication des forages et des réseaux de pipes affectent gravement les paysages, d'autant plus que la zone de drainage autour des puits étant faible, il peut y avoir un puits tous les 500 mètres.
Selon un rapport réalisé l'an dernier par l'EPA (Agence de protection de l'environnement américaine), l'activité du gisement de Barnett Shale, dans le nord du Texas, pollue plus que le tout le trafic automobile de cette ville de 725 000 habitants. Sous la ville de Fort Worth, des milliards de mètre cubes de gaz sont extraits chaque mois des couches profondes de roches de schistes, et des torrents de gaz sont drainés par des milliers de camions. Et si les habitants retrouvent même la présence du gaz à la sortie de leurs robinets, c'est que l'eau achemine des traces de produits chimiques injectés dans les puits. Du seul point de vue paysagé, par exemple dans le Colorado, à Garfield County, le désert est désormais hérissé tous les 200 mètres de puits de gaz de schiste.
Sur le continent européen, les bassins les plus intéressants sont situés en Europe du Nord et de l'Est et plus au sud, notamment en France dans le bassin du Sud-est. Le consortium Gash, auquel participe IFP Energies nouvelles, s'applique à établir une cartographie de ce type de ressources. Total vient d'obtenir un permis d'exploration dans la région de Montélimar. Des permis ont aussi été pris en Suède par Shell, en Allemagne par Exxon Mobil, en Pologne par presque tous les majors, ainsi qu'en Lituanie. Il faut noter que l'impact sur l'environnement ne sera pas du même ordre dans la petite et vieille Europe qu'aux États-Unis qui possèdent d'immenses espaces inoccupés. Le sujet prête donc ici davantage à débat sachant qu'il sera illusoire d'imposer des techniques d'exploitations rationnelles et respectueuses de l'environnement.

Savoir s'asseoir sur le Grenelle de l'environnement

L'atout d'un ministère de l'écologie, c'est de manier les paradoxes en usant du consensus économique, c'est d'exploiter le patrimoine tout en faisant accroire à sa sauvegarde pérenne, tel l'Office National des forêts qui partout protège les arbres en les coupant. Il va sans dire que dans un système qui s'auto-dévore il n'est guère possible de produire et de construire sans détruire. Que pouvait donc faire d'autre Jean-Louis Borloo, homme politique et non écologue militant d'une Terre-patrie, que d'accorder des permis de recherche ? Ils ont été confiés au pétrolier français Total associé au géant Texan Schuepbach (allié « par précaution » à GDF-Suez) pour un total de 9700 kilomètres carrés dans les régions de Montélimar, Nant et Villeneuve de Berg, soit une gigantesque et double cicatrice depuis Montpellier et Montélimar jusqu'aux confins du Parc naturel des Cévennes. Un permis de recherche est un euphémisme implicite qui signifie permis d'exploiter. Et le Larzac (et José Bové…) de ressortir la hache de guerre… Dans quelques mois, Total, GDF-Suez et Schuepbach Energy vont y creuser pour évaluer la rentabilité d'exploitation des milliards de mètres cubes de gaz qui doivent s'y cacher.
La technique de la fracturation hydraulique va à l'encontre de certains engagements arrêtés par le Ministère de l'Écologie qui a pourtant signé l'attribution des permis. Le Grenelle doit, par exemple, protéger les sources d'eau potables et les écosystèmes sensibles. Le Grenelle doit aussi réduire la gestion des émissions de gaz à effet de serre. La région choisie étant frappée d'une sécheresse endémique, tout particulièrement en Ardèche et en Drôme, les quantités d'eau à mobiliser sont incompatibles avec le principe de préservation des ressources aquifères énoncé à l'article 27 du même Grenelle.
Suivant notre devise d'exploiter la Terre jusqu'à la moelle, nous allons droit à un emballement herculéen de la si vaste et si complexe machine climatique, et la France ne va pas s'épargner d'y participer. A la clé : une indépendance énergétique qui vaut bien une catastrophe environnementale finale et réussie.

Liens

Josh Fox, réalisateur anti-gaz de schistes est classé terroriste par le FBI - OwniPolitics

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