lundi 4 juillet 2011

Le déclin de l'industrie nucléaire



Alors que la situation sur la centrale de Fukushima Daiichi reste très critique et que l'évaluation de la gravité de la catastrophe a largement été sous-estimée, un rapport du Worldwatch Institute montre que l'industrie nucléaire était en déclin, et ce, bien avant la catastrophe japonaise.
Fukushima I, la situation est loin d'être maitrisée : de l'eau douce est toujours injectée en continu dans les réacteurs 1, 2 et 3 afin de maintenir la température. De plus, l'eau utilisée au départ pour refroidir les réacteurs est devenue hautement radioactive et stagne dans les sous-sols de ceux-ci : des opérations de transfert dans des réservoirs sont en cours, selon l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA).
Au 11 mai 2011, des restrictions alimentaires étaient toujours en vigueur dans la préfecture de Fukushima et pour les villes de Kitaibaraki et Takahagi dans la préfecture d'Ibaraki. Dans l'ensemble, la contamination radioactive est bien présente dans les différents milieux de la région de Fukushima même si elle décroît lentement, selon l'AIEA.
Au final, Tepco, l'opérateur de la centrale, a décidé d'édifier des sarcophages de béton, d'acier et de polyester autour des réacteurs en fusion afin de contenir les émanations radioactives. Vendredi 13 mai, Tepco annonçait que les premiers travaux concernant le réacteur n°1 débuteraient en juin 2011, relayait Radio Chine Internationale.
Dans tous les cas, ce désastre sonne sans doute le glas de l'industrie nucléaire, au moins dans l'image de fiabilité, de sécurité et de transparence véhiculée par ses promoteurs.

L'industrie nucléaire est en déclin

Bien avant cette catastrophe, l'industrie nucléaire dans le monde était déjà en déclin selon un nouveau rapport publié par le Worldwatch Institute. "L'industrie nucléaire était déjà sans doute en sursit. Dans l'écriture de l'histoire de l'industrie nucléaire, Fukushima est susceptible d'être son dernier chapitre." a déclaré Mycle Schneider, consultant international sur les questions d'énergie et de politique nucléaire, auteur principal du nouveau rapport "The world nuclear industry status report 2010-2011 - Nuclear Power in a Post-Fukushima World 25 Years After the Chernobyl Accident".
En effet, le parc nucléaire est vieillissant et peu de nouvelles unités sont en construction : la moyenne d'âge des réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde est de 26 ans. C'est pourquoi, certaines compagnies d'électricité nucléaire envisagent de prolonger la durée de vie de leurs réacteurs à 40 ans ou plus. Vu que l'âge moyen des 130 unités déjà fermées est d'environ 22 ans, doubler la durée de vie des réacteurs encore en fonctionnement reste un pari bien optimiste, surtout si l'on prend en compte la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le gouvernement allemand a d'ailleurs pris la mesure du risque suite à cette catastrophe en prenant la décision de suspendre l'activité de tous les réacteurs de plus de 30 ans.
Au 1er avril 2011, il y avait 437 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde, c'est sept de moins qu'en 2002. L'AIEA compte actuellement 64 réacteurs en construction dans 14 pays. Par comparaison, à l'apogée de la phase de croissance de l'industrie en 1979, il y avait 233 réacteurs en construction en même temps. Et, en 2008, pour la première fois dans l'histoire de l'énergie nucléaire, aucun nouveau réacteur n'a été démarré. Sept nouveaux réacteurs ont été ajoutés en 2009 et 2010, tandis que 11 ont été fermés durant cette période. Dans le premier trimestre 2011, deux nouveaux réacteurs ont été mis en service.
En Europe, toujours au 1er avril 2011, 143 réacteurs étaient officiellement opérationnels, une baisse notable par rapport au maximum historique de 177 unités en 1989. Bien sûr, le nombre de réacteur n'est pas une indication suffisante et la production totale doit être prise en compte. Or, en 2009, les centrales nucléaires ont produit 2 558 térawattheures (TWh) d'électricité, c'est environ 2 % de moins que l'année précédente. En 2010, 16 des 30 pays producteurs d'énergie nucléaire ont maintenu la part de cette énergie dans leur production totale tandis que neuf l'ont diminué et 5 l'ont augmenté.
Le rôle de l'énergie nucléaire dans la production d'énergie décline régulièrement et ne représente qu'environ 13 % de l'électricité produite dans le monde et 5,5 % de l'énergie primaire commercialisée.
Depuis près de 15 ans, l'énergie nucléaire ne parvient plus à concurrencer le dynamisme insolent des énergies renouvelables. Aux Etats-Unis, la part des énergies renouvelables dans les ajouts de nouvelles capacités de production d'électricité est passé de 2 % en 2004 à 55 % en 2009, sans qu'aucun réacteur nucléaire ne soit construit sur cette période.En 2010, dans le monde, pour la première fois, la capacité de production électrique des énergies renouvelables a dépassé celle de l'énergie nucléaire : 381 gigawatts (GW) contre 375 GW pour le nucléaire. L'investissement total dans les énergies renouvelables, sur cette même année, a été estimé à 243 milliards de dollars.
Afin d'évaluer le nombre de réacteurs qui devront être remplacés pour maintenir la production électrique actuelle, le rapport a établi un scénario où les centrales actuelles et en construction seraient maintenues en fonctionnement en moyenne pendant 40 ans. Il en ressort que 18 réacteurs supplémentaires devraient être achevés et mis en service avant 2015. Cela correspond à un raccordement tous les trois mois avec l'ajout de 191 unités supplémentaires (175 GW) au cours de la décennie suivante. Or, la réalisation de cet objectif est tout simplement impossible compte tenu des contraintes existantes sur la fabrication des composants d'un réacteur nucléaire, sans prendre en compte les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Par conséquent, le nombre de réacteurs en exploitation diminuera au cours des prochaines années, sauf si la limite de 40 ans est davantage repoussée, un scénario de moins en moins probable vu la catastrophe de Fukushima.
Quant aux nouvelles générations de réacteurs, le projet EPR en construction à Olkiluoto en Finlande, géré par le plus grand constructeur nucléaire au monde, Areva, a tourné au fiasco financier. Le projet a déjà 4 ans de retard pour un coût total estimé à 5,7 milliards d'euros, soit 90% de plus que le budget initial ! Heureusement, les énergies renouvelables ont un très bel avenir devant elles.

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The End of Nuclear - Worldwatch Institute

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Limiter l'augmentation de la température planétaire à 2 ºC n'est plus réalisable




Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont atteint un nouveau et triste record en 2010. Pire : l'objectif phare qui consiste à limiter à 2°C le réchauffement climatique planétaire devient inatteignable.
Si la crise financière mondiale a légèrement entamé l'évolution ininterrompue des émissions de CO2 en 2009, le rebond de 2010 est pire qu'attendu avec un record à 30,6 milliards de tonnes (Gt) de CO2 émis, soit une augmentation de 5% par rapport au précédent record de 2008 (29,3 Gt).
En terme d'énergie fossile, 44 % des émissions estimées en 2010 proviennent du charbon, 36 % du pétrole et 20% du gaz naturel.
Selon les dernières estimations de la National Oceanic & Atmospheric Administration (NOAA), les concentrations planétaires en CO2 étaient de 391,55 ppm(1) en mars 2011, cela correspond à une augmentation de près de 40 % par rapport au début de la révolution industrielle (environ 280 ppm en 1750). A titre de comparaison, il avait fallu plus de 5 000 ans pour que la concentration en CO2 augmente de seulement 80 ppm à la fin du dernier âge glaciaire... (GIEC, 2007).
"Cette augmentation significative des émissions de CO2 et la marge de manoeuvre réduite pour le futur en raison des investissements actuels dans les infrastructures représentent un sérieux revers quant à nos espoirs de limiter à 2°C la hausse globale de température" a déclaré le Dr Fatih Birol, chef économiste à l'AIE qui supervise le rapport annuel World Energy Outlook, la publication phare de l'Agence.
En effet, lors de la conférence de Cancún sur les changements climatiques qui s'est déroulée fin 2010, les états ont reconnu qu'il était impératif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40 % d'ici à 2020 pour ne pas dépasser le seuil fatidique de 2°C(2) d'augmentation de la température moyenne de la planète. Or, pour que cet objectif primordial soit accompli, il faudrait contenir à long terme la concentration en gaz à effet de serre à environ 450 ppm équivalent CO2, ce qui correspond à seulement 5% de plus que la valeur estimée de 430 ppm il y a déjà 10 ans...
De surcroît, l'AIE a évalué que 80% des émissions prévues dans le secteur de l'énergie jusqu'à 2020 sont déjà immobilisés par des centrales électriques qui sont actuellement en place ou en construction aujourd'hui.
Le défi de l'amélioration et du maintien de la qualité de vie des personnes dans le monde tout en limitant les émissions de CO2 n'a jamais été aussi grand. Alors que l'AIE estime que 40% des émissions mondiales provenaient de pays de l'OCDE en 2010, ces pays ne représentent plus que 25% de la croissance des émissions par rapport à 2009. Les pays non membres de l'OCDE(3) - menés par la Chine et l'Inde - ont connu une augmentation beaucoup plus forte de leurs émissions que leurs croissances économiques pourtant exceptionnelles. Toutefois, si l'on se base sur les émissions de CO2 par habitant, les pays de l'OCDE ont émis en moyenne 10 tonnes, contre 5,8 tonnes pour la Chine, et 1,5 tonnes pour l'Inde.
Le rapport World Energy Outlook de l'AIE a déterminé un scénario à 2020 pouvant répondre à l'urgence climatique. Dans celui-ci, les émissions mondiales liées au secteur énergétique ne doivent pas dépasser 32 Gt. Ce qui signifie que les émissions totales des dix prochaines années doivent être inférieures à celles enregistrées en seulement un an : entre 2009 et 2010... Un pari malheureusement intenable.
"Nos dernières estimations sont un nouvel appel au réveil" souligne le Dr. Birol. "Le monde est actuellement incroyablement proche du niveau des émissions qui ne devrait pas être atteint en 2020 pour maintenir l'augmentation en dessous de 2°C. Vu la marge de manoeuvre restante, à moins que des décisions audacieuses et décisives soient prises, il sera extrêmement difficile d'atteindre l'objectif global convenu à Cancún."
Souvenons nous, la conférence de Cancún s'était terminée sous les applaudissements des pays rassemblés et d'un certain nombre de grandes associations de défense de l'environnement (WWF, Greenpeace, Oxfam, RAC France, FNE, Cap 21...). Et pourtant, cet accord demeure peu volontaire et dénué d'objectif contraignant... Cette nouvelle étude montre une nouvelle fois toute l'inefficacité de ce processus de discussions où les déclarations de bonnes intentions supplantent la prise de décision effective.
Le président du Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), Rajendra Pachauri, déclarait déjà fin 2009 : "le monde développé n'a vraiment rien fait. Le Protocole de Kyoto est reconnu plutôt par sa violation que par l'adhésion aux limites qui ont été fixées."

Notes

  1. Cette concentration exprimée en ppm (parties par million) correspond au nombre de molécules de CO2 divisé par le nombre de millions de molécules de l'air.
  2. Les études scientifiques sont formelles : un réchauffement modéré en deçà de 2°C serait encore dans la limite du "supportable" ; au-delà, les conséquences sur les écosystèmes et les sociétés humaines seront dévastatrices.
  3. Organisation de Coopération et Développement Economiques (OCDE)

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Prospect of limiting the global increase in temperature to 2ºC is getting bleaker - AIE

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Les castors érigent un barrage visible depuis l'espace !




Le plus grand barrage actuellement construit par les castors a été découvert au Canada, dans la province de l'Alberta : un édifice de 850 m de long visible depuis les satellites d'observation de la Terre !
Environ 850 m de long, voici la taille exceptionnelle de ce barrage découvert dans le Nord de la province de l'Alberta par Jean Thie grâce à Google Earth, en octobre 2007. Celui-ci évaluait alors l'étendue de la fonte du permafrost (les terres gelées en permanence) dans le nord du Canada.
Ce barrage, situé au sud du lac Claire, à environ 190 km de Fort McMurray, dans le Parc national Wood Buffalo(1) est, jusqu'à preuve du contraire, le plus long barrage existant érigé par des castors.
Il existe depuis au moins 25 ans puisqu'il est visible sur des images satellites de Landsat (NASA) de 1990 et 2000. Cependant, des photos aériennes de la région prises en 1975 ne montrent pas l'existence de cet édifice. Des responsables de cette réserve naturelle, la deuxième plus grande du monde et plus grande du Canada, ont survolé le barrage à basse altitude en 2009 confirmant les interprétations des images satellites. Toutefois, ils n'ont pu se poser, la zone étant trop marécageuse, a indiqué un porte-parole du parc national, Mike Keizer.
Dans le monde, ces ouvrages atteignent au mieux 75 m de long pour 1 m de haut. Cependant, au Canada, il existe de nombreux barrages qui font plus de 500 m de long. Le précédent record était détenu par le barrage de Three Forks dans le Montana (Etats-Unis) avec une longueur de 652 m !
Le plus grand barrage érigé par des castors résulte clairement de la combinaison de deux barrages. Vu son ancienneté, plusieurs générations de castors ont participé à sa réalisation comme l'attestent les observations aériennes : la digue "est très ancienne. Lorsqu'une digue est récente, il y a plein de rondins fraîchement coupés. Or, sur celle-ci, l'herbe pousse, c'est tout vert", a expliqué à l'AFP, M. Keizer.
Toutefois, le barrage continue d'être entretenu et voit sa taille augmenter comme l'indique Jean Thie : les castors sont en train de construire deux autres digues de chaque côté du barrage principal. D'ici dix ans, toutes ces structures pourraient n'en former qu'une seule, mesurant plus de 950 m !

Le rôle des barrages chez les castors

Le castor construit des barrages afin de retenir l'eau et d'élever son niveau, créant ainsi des zones dans lesquelles il peut se déplacer en toute sécurité et où il peut faire flotter sa nourriture et les matériaux de construction qu'il utilise. L'objectif premier du barrage est d'assurer une profondeur d'eau suffisante pour stocker sa nourriture. En effet, près de leur terrier (ou hutte), les castors aménagent, sous l'eau, un grand garde-manger, l'eau faisant office de réfrigérateur. Les barrages et les huttes sont construits avec du bois de différents diamètres, et le tout est colmaté avec de la terre que le castor tasse avec ses pattes avant (et non pas avec la queue). Enfin, le barrage constitue également un moyen d'échapper à ses prédateurs, comme les coyotes et les ours.
Poussé au bord de l'extinction par le commerce des fourrures aux XVIIe et XVIIIe siècles, le castor a été réintroduit dans ses anciens habitats en Amérique du Nord mais aussi en Europe avec le castor européen (ou castor fiber) qui recolonise petit à petit des territoires qu'il avait occupé sans encombre pendant des dizaines de milliers d'années.
Si les castors sont encore dénigrés pour leurs dégâts sur les arbres de cours d'eau et sur les berges, ils participent aussi au stockage du carbone issu des végétaux et à la régénération de la forêt. Et quand bien même, les dégâts occasionnés par les castors demeurent bien anecdotiques au regard de ceux engendrés par les activités humaines.

Localisation géographique

Note

  1. Le parc national Wood Buffalo est un parc national du Canada qui figure parmi les plus vastes parcs tant au niveau national que mondial. Il fut créé en 1922 pour protéger les derniers troupeaux de bisons du nord du Canada. Aujourd'hui il protège un exemple exceptionnel et représentatif des plaines boréales nordiques du Canada.

Sources

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La réalité de l'abattage rituel Halal et Casher : entre business et cruauté






L'abattage rituel, notamment représenté par les viandes dites Halal et Casher pour les communautés respectivement musulmanes et juives ne cesse de progresser en France. De plus en plus de supermarchés, de restaurants, de transformateurs agro-alimentaires... proposent ce type de viande, mais à quel prix ? Sous couvert du droit de s'alimenter selon son culte, ces méthodes d'abattage finalement peu connues révèlent un business florissant et une cruauté inacceptable envers le vivant.
En France, les règles générales de l'abattage classique imposent depuis 1974 que les animaux soient étourdis dans des abattoirs avant d'être saignés, ceci afin de limiter la souffrance animale. La mise à mort des animaux de boucherie n'est pas un acte anodin et isolé : chaque année 1,1 milliard d'animaux sont tués en France ! Ce processus industriel, qui repose sur une logique commerciale, nécessite d'être sévèrement encadré. En effet, "la mise à mort des animaux peut provoquer chez eux de la douleur, de la détresse, de la peur ou d'autres formes de souffrance, même dans les meilleures conditions techniques existantes."(1).
Dans les pays de l'Union européenne, c'est la Directive 93/119/CEE du Conseil qui définit les normes en matière d'abattage : "D'une façon générale, on doit éviter aux animaux toute excitation, souffrance ou douleur inutiles lors de leur transport, hébergement, immobilisation, étourdissement, abattage ou mise à mort. Les abattoirs doivent être construits et équipés de manière à respecter cette exigence. Le personnel d'abattage doit posséder les compétences, capacités et connaissances professionnelles requises. Les animaux doivent être étourdis avant l'abattage ou immédiatement mis à mort."(2)
Si l'étourdissement ne semble pas toujours appliqué correctement dans les abattoirs français comme en témoigne le procès de l'association L214 contre Charal(3), son absence est toutefois autorisée dans le cadre de dérogations liées à l'abattage rituel. En effet, l'abattage rituel nécessite que les animaux soient saignés alors qu'ils sont encore pleinement conscients.
Par définition, une dérogation "constitue une exception dans l'application d'une règle d'origine contractuelle, légale, ou administrative"(4). Or, dans une lettre ouverte adressée au président de la République du 10 juin 2010(5), un regroupement d'associations de protection animale souligne qu'en France déjà 50 % des ovins sont égorgés conscients et donc sensibles à la douleur, il ne s'agit donc plus d'une exception...

L'abattage rituel Halal et Casher

En France, au regard de la loi, l'abattage rituel ne peut s'exercer que dans un abattoir. Les exécutants doivent obligatoirement être des sacrificateurs habilités par des organismes religieux agréés : la grande Mosquée de Paris, la Mosquée de Lyon et la Mosquée d'Evry pour l'abattage rituel musulman ; le grand Rabbinat pour l'abattage rituel juif.
Si l'étourdissement n'est pas obligatoire avant la mise à mort, l'article R. 214-74 du code rural impose que les animaux des espèces bovine, ovine et caprine soient immobilisés par un procédé mécanique (ce qui écarte toute contention manuelle ou à l'aide de liens). Cette contention mécanique précède la saignée et doit être maintenue jusqu'à la mort de l'animal(6).
Le piège mécanique est positionné vers La Mecque pour le rituel halal ou vers Jérusalem pour le rituel Casher. La saignée devrait alors être effectuée en prononçant une phrase rituelle.
L'Organisation Mondiale de la Santé Animale préconise l'emploi d'une lame ou d'un couteau très tranchant et suffisamment long pour que la pointe reste hors de l'incision pendant l'opération. De plus, la pointe du couteau ne doit pas être utilisée pour réaliser l'incision et celle-ci ne doit pas se refermer par-dessus le couteau pendant l'égorgement(7). Des pratiques souvent ignorées...
France Info(8) rapportait le cas de Mokhtar qui travaille dans un abattoir de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. "Chaque jour, il tue, à la main, selon le rite halal, près de 300 poulets"  ce qui fait, sur une journée de travail de 8 heures et sans pause, un poulet sacrifié toutes les minutes et demi... Vu cette cadence, il semble bien difficile de croire que l'exécutant, fier de son métier par ailleurs, se soucie du bien-être animal.
Mais il y a pire. Durant la fête de l'Aïd el Kébir, de nombreux musulmans se passent de l'abattoir et tuent par leurs propres moyens les moutons, même si cela est illégal. Parfois, les bêtes sont dissimulés quelques jours avant, attachées et enfermées sans eau dans des coffres de voiture, pour être finalement égorgés maladroitement dans des cours d'immeubles, dans la baignoire, ou au bord de rivières dans des conditions de souffrance importante.

Une souffrance animale inacceptable

L'abattage rituel, cela reste un abattage industriel, avec ses cadences inadmissibles et sa maltraitance continue envers l'animal, le tout sans étourdissement préalable.
Pendant plusieurs minutes, les animaux prisonniers de leur piège mécanique agonisent la gorge tranchée, pendant que d'autres, témoins de la scène attendent leur tour.
Entre l'égorgement et la perte de réaction cérébrale, plusieurs dizaines de secondes peuvent s'écouler : une période d'angoisse, de peur, de stress et surtout de douleur extrême qui donnent de surcroît une viande de médiocre qualité...
En 2009, un rapport d'enquête de One Voice(9) a révélé la réalité sur la souffrance de quelques-uns des animaux tués pour produire de la viande halal. D'après la tradition musulmane, les animaux doivent être traités avec égards avant d'être abattus et doivent être calmés en récitant une prière avant de les égorger en sectionnant les principales artères du cou. Or, en visitant cinq abattoirs pratiquant l'abattage halal sans étourdissement préalable, les enquêteurs de One Voice ont vu un certain nombre d'employés faire preuve d'un manque visible de respect et de compassion envers les animaux. Les animaux étaient traités avec cruauté, ils étaient effrayés et stressés pendant les opérations et dans certains cas, on leur sciait la gorge au lieu de la trancher. Les enquêteurs ont vu des moutons qui essayaient de s'enfuir alors qu'ils avaient la gorge tranchée et ils ont filmé des poulets qui étaient ébouillantés alors qu'ils étaient encore vivants. Ils ont bel et bien entendu les cris des animaux qui agonisaient, mais dans bien des cas, ils n'ont entendu aucune prière...
Les conséquences terrifiantes pour les animaux d'un égorgement sans étourdissement préalable sont expliquées dans un rapport publié en 2003(10) par le Farm Animal Welfare Council (FAWC), organisme consultatif britannique indépendant constitué de vétérinaires, de zoologues, de chercheurs et de spécialistes de la protection des animaux : "Quand une incision transversale très large est pratiquée au cou, divers tissus vitaux sont sectionnés: peau, muscles, trachée, œsophage, artères carotides, veines jugulaires, principaux faisceaux nerveux (p.ex. nerfs vagues et nerfs phréniques) ainsi que divers nerfs de moindre importance. Une incision aussi importante entraîne inévitablement une rupture d'information sensorielle vers le cerveau chez un animal sensible (conscient). Nous sommes persuadés qu'une blessure aussi considérable entraîne une douleur et un stress très importants pendant le laps de temps qui précède l'insensibilité". Le FAWC a demandé l'interdiction de l'abattage rituel sans étourdissement préalable et Judy MacArthur Clark, qui en était alors la présidente, a déclaré: "Il s'agit d'une incision importante dans le corps de l'animal et dire qu'il ne souffre pas est tout à fait ridicule".
Vidéo de l'enquête GAIA dans des abattoirs de Belgique qui pratiquent l'abattage rituel Halal
© GAIA
Vidéo déconseillée aux personnes sensibles

Un risque pour la santé

Pire, la viande Halal peut être contaminée à la fois par la régurgitation et l'effondrement des défenses immunitaires de l'animal au moment de l'égorgement. Alain De Peretti, vétérinaire rural, souligne même le "gigantesque bond en arrière" des autorités qui acceptent la commercialisation de cette viande, à l'encontre des progrès réalisés jusqu'alors en terme de sécurité alimentaire en Europe. Les toxi-infections alimentaire risquent donc d'être de plus en plus nombreuses notamment chez les personnes qui ne cuisent pas suffisamment leur viande.(11)

Une dangereuse banalisation de l'abattage rituel

La banalisation de l'abattage rituel, notamment Halal, profite d'une complaisance du monde politico-médiatique et de l'Etat, sous couvert du respect des religions, en oubliant celui de la laïcité.
Ainsi, depuis le 1er septembre 2010, la société Quick, dont l'Etat est actionnaire majoritaire via la Caisse des Dépôts et Consignations, a "décidé de pérenniser l'offre [exclusive] de produits à base de viande halal dans les 8 restaurants du test et de l'étendre à 14 nouveaux restaurants". Objectif affirmé : "cette offre pouvait être une source de croissance intéressante." En effet, une étude réalisée par l'agence Solis en décembre 2009 et publiée en janvier 2010 montre que la croissance annuelle du marché halal est de 15% et que son chiffre d'affaires pourrait atteindre 5,5 milliards d'euros en 2010...(12). Notons qu'en Israël, McDonald ne vend que de la viande Casher.
L'appât du gain n'a pas échappé aux grandes et moyennes surfaces qui proposent de plus en plus de viande Halal dans leur rayon boucherie.
Bien d'autres exemples témoignent de la banalisation de l'abattage rituel Halal, y compris dans les organes de la République française pourtant laïque :
  • repas de l'équipe nationale de France de football (sous R. Domenech) sans porc ;
  • certaines écoles de la République imposent une viande Halal, comme à Strasbourg(13) ;
  • CRS qui mangent Halal à leur insu(14)...
Soulignons enfin que chaque kilo de viande abattue selon les rites Halal ou Casher profitent à leurs représentants religieux. A ce titre, Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon déclarait : "Par kilo de viande, la certification halal coûte entre 10 à 15 centimes d'euros"(15), une manne financière non négligeable !
Dans le même temps, d'après les bilans établis par le Service de la statistique et de la prospective (SSP), la consommation française de viande de porc, considérée comme impure par les musulmans et les juifs est en recul(16).
Au delà de la tolérance envers des rites religieux pourtant archaïques, "du point de vue de la protection des animaux et par respect pour l'animal en tant qu'être sensible, la pratique consistant à abattre les animaux sans étourdissement préalable est inacceptable, quelles que soient les circonstances" notait la Fédération des vétérinaires d'Europe en 2006(17).
De plus, en 2004, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) émettait un avis(18)selon lequel "en raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l'abattage sans étourdissement, un étourdissement doit toujours être réalisé avant l'égorgement".
Plus pernicieux encore, une partie significative de la viande des animaux abattus sans étourdissement préalable pour les boucheries juives et musulmanes, au lieu d'être effectivement destinée à ce marché, est finalement écoulée sur le marché global de la viande... Or, 72 % des français désapprouvent la dérogation permettant de ne pas étourdir les animaux avant leur abattage(19).
Une nouvelle fois, modérer sa consommation de viande et privilégier la viande issue de l'"agriculture biologique" restent les meilleurs moyens de respecter un peu plus le bien-être animal tout en préservant sa santé.

Références

  1. Règlement (CE) N° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort - Union européenne
  2. Législation en vigueur en vue de la protection des animaux lors de l'abattage - Commission européenne
  3. Pratiques de mises à mort à l'abattoir Charal, Metz - L214
  4. Définition de dérogation - Dictionnaire du droit privé
  5. Abattage rituel sans étourdissement : assez de promesses, place aux actes !
  6. L'abattage rituel des animaux élevés ou détenus pour la production de viandes - OABA
  7. Code sanitaire pour les animaux terrestres - OIE
  8. Mokhtar, le sacrificateur - France Info
  9. Derrière les portes des abattoirs de France - One Voice
  10. Report on the Welfare of Farmed Animals at Slaughter or Killing ; Part 1: Red Meat Animals - Farm Animal Welfare Council
  11. "La viande halal présente un risque sanitaire important" : rencontre avec un vétérinaire (Audio) - NovoPress
  12. Bilan du test de vente d'une gamme de produits à base de viande halal - Quick
  13. La modernisation de la restauration scolaire - Ville de Strasbourg
  14. CRS/viande halal: indignation syndicale - Le Figaro
  15. [Halal] "Ce mot est complètement galvaudé" - Le Parisien
  16. Agreste Conjoncture ; Synthèses n° 2010/112 ; avril 2010 - Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche
  17. Welfare of Animals at Slaughter and Killing, FVE/06/doc/033 Final 25/10/06 - FVE
  18. Summary of Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare on a request from the European Commission related to welfare aspects of the main systems of stunning and killing the main commercial species of animals, 2004 - Autorité européenne de sécurité des aliments
  19. Les Français et l'étourdissement des animaux avant leur abattage – Sondage IFOP réalisé du 8 au 10 décembre 2009 sur un échantillon de 1015 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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Inauguration en Arctique du "coffre-fort de l'apocalypse"


Le 26 février 2008, une réserve mondiale qui pourra contenir jusqu'à 4,5 millions d'échantillons végétaux a été inaugurée au nord de la Norvège. Censée protéger le patrimoine alimentaire de l'humanité d'une catastrophe planétaire, cette "Arche de Noé" suscite bien des interrogations quant à ses motivations réelles.

C'est dans un bunker prisonnier des glaces et d'une terre gelée en permanence appelée permafrost que les graines des principales cultures vivrières du monde sont conservées à une température de - 18 °C. Cette réserve, sous haute protection, se trouve sur une île de l'archipel du Svalbard à 1000 km du pôle Nord.
Il s'agit officiellement de disposer d'un "grenier" mobilisable en cas de catastrophe majeure qui compromettrait nos ressources alimentaires afin de "garantir la préservation de la diversité des produits agricoles pour le futur". A terme, plus de 4,5 millions de semences y seront stockées, ce qui équivaut à environ 2 milliards de graines, deux fois plus que le nombre de variétés que nous cultivons. Actuellement, 250 000 échantillons ont déjà été collectés auprès de différents États et institutions qui en resteront propriétaires. En effet, si une variété de culture vient à disparaître, les Etats et institutions pourront récupérer les graines qu'ils ont déposées.
Si cela n'est bien sûr pas suffisant pour recréer l'ensemble de la biodiversité des végétaux, il s'agit un palliatif qui pourrait être d'un grand secours en cas de crise majeure. Changements climatiques, menaces nucléaires, effondrement de la biodiversité, épidémies, catastrophes naturelles, chute d'un météorite : les raisons ne manquent malheureusement pas pour justifier un tel projet.

Lors de la cérémonie d'inauguration, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a décrit l'endroit comme "un jardin d'Eden glacé". En fait, il s'agit d'une installation fortifiée qui comprend un long tunnel d'une centaine de mètres de long qui débouche sur trois grandes alcôves.
Les graines y reposent dans des sachets hermétiques alignés sur des étagères métalliques. La partie visible se limite à l'entrée qui émerge de la montagne enneigée. Celle-ci est constituée de deux hautes parois surmontées d'une oeuvre d'art conçue pour être visible à des kilomètres à la ronde dans l'obscurité permanente et totale de l'hiver polaire.
Le "jardin d'Eden" se rapproche donc davantage d'un blockhaus puisqu'il comprend des portes blindées, des caméras de surveillance, des parois en béton armé de plus d'un mètre d'épaisseur et que la conception d'ensemble, protégée par la roche de la montagne, permet en théorie de résister aux tremblements de terre et même, selon leur concepteur, à une attaque nucléaire directe ou à une chute d'avion. De plus, les chambres froides sont situées à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer pour échapper à la montée du niveau des océans, conséquence très probable du réchauffement climatique. Il n'y aura pas de personnel présent en permanence mais une gestion et surveillance à distance.
Si le niveau de protection peut rassurer, il peut inquiéter également quant à l'ampleur des menaces prise en compte, ce que confirme dans son discours José Manuel Barroso : "nous espérons et oeuvrons pour le meilleur, mais nous devons nous préparer au pire".

"Jardin d'Eden" ou "coffre fort de l'apocalypse" ?

Le nom officiel du projet est "Svalbard Global Seed Vault" alors que les partenaires qui y collaborent l'appellent entre eux "le coffre-fort de l'apocalypse" (doomsday vault), ce qui n'est guère rassurant.
De surcroît, les noms bien connus des différents financeurs sèment le trouble sur l'objectif réel de ce projet. En effet, le Réseau Semences Paysannes souligne dans un communiqué que ce projet est le fruit d'un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, le « Global Crop Diversity Trust » et la « Nordic Gene Bank ». Le « Trust » -- financé et soutenu notamment par la Fondation Bill et Milinda Gates, La Fondation Rockefeller, Dupont/Pioneer, Syngenta AG, la Fondation Syngenta et la Fédération Internationale des Semences, les plus importants lobbies de l'industrie des semences – financera les opérations de « l'Arche ».
Or, la plupart de ces structures ne sont pas réputées pour favoriser la diversité génétique et l'accès aux ressources génétiques vivantes actuelles. En effet, selon le Réseau Semences Paysannes, "elles imposent partout des lois qui remettent en cause les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme (...) Elles les obligent ainsi à acheter celles de l'industrie, seules à pouvoir être inscrites dans les catalogues officiels requis pour toute vente. Dans de nombreux pays, les paysans n'ont même plus le droit de ressemer leur récolte." De plus, "elles généralisent la culture des organismes génétiquement modifiés (OGM) par des stratégies commerciales agressives mettant en danger la diversité des semences fermières."

Notons enfin, qu'il existe déjà des banques de semences à travers le monde qui conservent en plusieurs exemplaires les graines si précieuses. Les concentrer en un seul endroit, si les autres devaient fermer pour différentes raisons, pourrait au contraire, augmenter considérablement le risque que ce projet cherche à prévenir officiellement...

Références

Auteur

avatar Christophe Magdelaine / notre-planete.info

 
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